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Les formations artistiques au profit des enfants sont rares à Tizi Ouzou Même si les parents ont le temps et les moyens d'offrir des cours d'initiation aux arts
De nombreux parents interrogés dénoncent l'abandon par l'école algérienne de l'éducation artistique. Il faut reconnaître cependant que la mission d'offrir une éducation artistique aux enfants ne peut échoir exclusivement aux pouvoirs publics. Le mouvement associatif est également concerné par cette délicate mission. Mais il est vrai que les associations culturelles de la wilaya de Tizi Ouzou sont loin d'avoir les moyens d'assurer des formations artistiques aux enfants des différentes localités de la wilaya. A quelques rares exceptions, l'écrasante majorité des associations manque cruellement de financement pour mener à bien des activités dignes de ce nom, pour faire honneur à une culture et à un art victimes, depuis longtemps, d'une folklorisation à outrance et d'une médiocrité avérée De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Les parents pensent-ils à l'éducation artistique de leurs enfants ? Pour ceux qui ont les moyens et le temps, la réponse ne peut être que positive. Mais ils ne sont pas très nombreux et les enfants qui bénéficient d'une formation artistique sont de ce fait rares parmi les millions de petits Algériens. C'est exactement le même topo dans la wilaya de Tizi Ouzou où les parents sont partagés entre des horaires qui ne correspondent pas à leur temps libre et une situation socioéconomique qui ne leur permet pas des dépenses considérées comme superflues. Des frais, aussi minimes soient-ils, «inutiles» dans la mesure où l'apprentissage des activités artistiques dans les institutions publiques reste gratuit, et malgré cela, certaines annexes de moindre importance sont toujours lourdes à supporter par les petites bourses de plus en plus nombreuses dans cette wilaya. Ahmed, un enseignant de 42 ans exerçant dans la daïra de Beni Douala, ne se fait pas trop d'illusions. Conscient de l'importance de l'éducation artistique de ses trois enfants, il se dit incapable de se permettre les frais de transport chaque vendredi pour rallier la maison de la culture Mouloud-Mammeri du chef-lieu de wilaya où de nombreux ateliers de formation en différentes disciplines artistiques sont mis sur pied. Ajoutez à cela, les frais d'inscription et les éventuels matériels que les parents doivent acheter dans le cadre de ces activités. «Il est vrai que c'est peu, mais c'est toujours des dépenses en plus que je ne peux pas me permettre avec trois enfants et une femme qui n'arrive toujours pas à trouver un travail», dit Ahmed en souhaitant tout simplement qu'une institution comme la Maison de la culture soit réalisée dans sa région pour que les enfants des At Douala puissent bénéficier de l'apprentissage artistique et culturel. Kateb Yacine n'a-t-il pas dit que ce ne sont pas les enfants qui doivent aller vers la culture mais le contraire ? Vivement alors que l'éducation artistique frappe aux portes des villes et villages de la wilaya. Même dans ces contrées, il existe un tissu associatif sans grands moyens qui fait ce qu'il peut dans le sens de l'apprentissage artistique et culturel des enfants, mais cela reste insuffisant, du moins dans la majorité des localités de la wilaya où les associations n'assurent pas de formation dans ce domaine. Donc, en ce qui concerne les institutions publiques, il n'y a que la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou qui offre des formations artistiques en faveur des enfants et les parents doivent résider au chef-lieu ou avoir les moyens de faire le déplacement. De nombreux parents interrogés dénoncent l'abandon par l'école algérienne de l'éducation artistique. «C'est le meilleur endroit pour initier à l'art le plus grand nombre d'enfants», dit un commerçant, père de deux enfants dont l'aîné est scolarisé et qui pâtit de l'indisponibilité de son père les week-ends et même les fins d'après-midi. «Des parents trouvent difficilement le temps d'accompagner leurs enfants à l'école, comment voulez-vous qu'on en trouve pour des activités supplémentaires ?» s'interroge encore ce père de famille qui se dit reconnaissant envers son voisin, fonctionnaire à la Maison de la culture, qui accompagne son fils tous les vendredis pour ses cours de piano. Il faut reconnaître cependant que la mission d'offrir une éducation artistique aux enfants ne peut échoir exclusivement aux pouvoirs publics. Le mouvement associatif est également concerné par cette délicate mission. Mais il est vrai que les associations culturelles de la wilaya de Tizi Ouzou sont loin d'avoir les moyens d'assurer des formations artistiques aux enfants des différentes localités de la wilaya. Il existe, néanmoins, certaines qui en font un point d'honneur. Pour les responsables de l'association des arts et des contes Le Grain magique de Draa Ben Khedda et de la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques (LADC) de la wilaya de Tizi Ouzou, l'implication de l'enfant dans les activités culturelles et artistiques est toujours au centre de leurs actions. Si Le Grain magique organise annuellement deux festivals destinés exclusivement aux enfants avec des spectacles variés comme le clown, le théâtre, la magie et le conte, la Ligue des arts dramatiques profite surtout de son festival annuel des Raconte-Arts pour organiser des ateliers de formation au profit des enfants, et ce, dans de nombreuses disciplines comme le conte, le théâtre et même parfois l'écriture théâtrale. Il est clair que cela ne suffit pas face au manque de moyens de cette association dont les animateurs ont appris à s'adapter à cette situation en innovant, pour que leur manifestation survive vaille que vaille. De nombreuses associations manquent cruellement de financement pour mener à bien des activités dignes de ce nom, pour faire honneur à une culture et à un art victimes, depuis longtemps, d'une folklorisation à outrance et d'une médiocrité avérée.