Photo : M. Hacène Par Younès Djama L'effervescence socialo-ouvrière qui rythme la vie sociale dans le pays depuis le mois de janvier est la traduction d'une «dynamique sociale sans précédent», a estimé, hier à Alger, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT). Louisa Hanoune, qui s'exprimait lors d'un point de presse au siège du parti, a indiqué que même s'il n'y a pas de crise révolutionnaire ouverte en Algérie, il y a en revanche une dynamique ouvrière et sociale sans précédent qui est toujours le trait marquant de la situation en Algérie. Une cascade de préavis de grèves est enregistrée, en ce moment même, aussi bien dans la Fonction publique que dans le secteur de de la production. Sans compter les mouvements initiés par les enseignants contractuels exigeant leur titularisation. A cet effet, 2 600 enseignants contractuels sont en attente d'une régularisation, selon Louisa Hanoune. A propos de la tripartite des 29 et 30 septembre dernier, la SG du PT a estimé qu'elle a enregistré des «avancées» même si l'UGTA, qui revendiquait 35% d'augmentation du Salaire national minimum garanti (SNMG), n'en a récolté que 20%. D'autres points (revalorisation de la retraite, suppression de l'article 87-bis du Code du travail) font l'objet à partir d'aujourd'hui de groupes de travail. Ceci parallèlement à un accord sur l'extension des conventions de branche ainsi qu'un accord sur le respect du droit syndical dans le secteur. Vingt-trois ans après l'insurrection d'Octobre 88, le débat sur la réforme politique est ouvert en Algérie, a estimé Hanoune. A cet égard, le PT, qui milite pour l'élection d'une assemblée constituante, plaide pour une réforme qui puisse consacrer une rupture effective avec l'héritage du système du parti unique et qui également consacrera la souveraineté populaire et l'avènement de la démocratie véritable à même d' «immuniser» le pays des pressions et des chantages étrangers. «Ce soulèvement de la jeunesse était le produit de la politique de remboursement de la dette extérieure qui s'était répercuté sur les couches populaires larges, a affirmé Louisa Hanoune. Ce n'était pas une révolution puisqu'il n'y avait pas eu de jonction entre la classe ouvrière, malgré les grèves qui avaient précédé ce mouvement, mais c'était un soulèvement très important au cours duquel pas moins de 500 jeunes ont laissé leur vie, mais le peuple algérien a pu, grâce à ce sacrifice énorme, arracher les libertés démocratiques et, fondamentalement, le multipartisme et l'indépendance de l'organisation syndicale.» Cependant, note Hanoune, la situation sociale, qui était (pourtant) au cœur du soulèvement de la jeunesse, n'avait connu aucun changement positif. «Bien au contraire, puisque l'Algérie était étranglée par la dette extérieure. Ce furent les contre-réformes qui ont commencé à être mises en œuvre sous la houlette du FMI et de la Banque mondiale, à travers le Plan d'ajustement structurel.» L'intervention de l'Otan en Libye a pris une part importante du discours de la SG du Parti des travailleurs, à l'occasion de la réunion de la Coordination internationale de l'entente internationale des travailleurs et des peuples dont le Parti des travailleurs est l'hôte. A cet effet, la SG du PT a indiqué que l'intervention étrangère en Libye n'a pour enjeu que les richesses pétrolières et l'uranium, l'installation de bases militaires d'Africom, les fonds souverains libyens et le marché de la reconstruction. L'Algérie, à l'instar des six autres pays voisins de la Libye, se trouve en danger à cause des armes distribuées massivement aux civils en Libye et aussi à cause des groupes terroristes d'Al-Qaïda qui ont surgi subitement et concomitamment avec l'intervention de l'Otan. Dans ce sillage, la direction du Parti des travailleurs, informe sa SG, a décidé de prendre l'initiative en appelant à la tenue d'une conférence d'urgence contre les guerres d'occupation, contre les ingérences internes des nations, en défense de la souveraineté et de l'intégrité.