Malgré des routes neuves ou fraîchement retapées, un parc automobile amplement renouvelé et la mobilisation d'importantes ressources humaines et matérielles dans la lutte contre les accidents de la route, nous continuons d'assister à des collisions marquées par de très lourdes pertes en vies humaines : en septembre dernier, un fourgon de voyageurs a chuté dans un ravin à Jijel, faisant 09 morts et 19 blessés ; il y a deux jours, une horrible collision entre un poids lourd et un bus a provoqué le décès de 9 personnes et fait 19 blessés. Le bilan établi par la Gendarmerie nationale, pour la seule semaine allant du 28 septembre au 4 octobre dernier, fait état de 81 morts et près de 870 blessés dans 479 accidents de la route. Et les chiffres (toujours partiels) de l'horreur ne s'arrêtent pas là puisque d'autres bilans, dressés depuis le début de l'année en cours, évoquent une nette hausse du nombre des accidents de la circulation et des décès : durant le premier trimestre, par exemple, plus de 4 900 accidents de la route ont provoqué la mort de 758 personnes et fait 8 412 blessés ; entre le 4 et le 10 mai, 55 personnes ont péri lors de 705 accidents ; en juin, 47 morts et 735 blessés ont été déplorés en une seule semaine ; pendant le seul mois de Ramadhan dernier, 400 morts ont été recensés à travers le territoire national.... Bref, les statistiques sont là, implacables, qui tordent le cou à la satisfaction béate, souvent affichée par des responsables de tous bords, de voir que «la politique de lutte contre les accidents de la circulation porte ses fruits». Il n'en est rien et il ne semble malheureusement pas que l'hécatombe routière et la réforme de cette politique soient sur leurs tablettes, eux dont l'essentiel de l'énergie se tend vers les prochaines échéances électorales pendant lesquelles les accidents de la route constitueront, évidemment, l'un des principaux sujets de campagne.Les chiffres régulièrement fournis par les services de la Gendarmerie nationale appellent à la révision de toute la politique de lutte contre les accidents de la route, notamment dans ses aspects de formation des nouveaux conducteurs (particulièrement ceux qui investiront le transport de voyageurs), de l'application du code de la route dans toute sa rigueur (ce que, de l'avis de beaucoup de citoyens, gendarmes et policiers semblent avoir mis de côté) et de la signalisation routière qui, en de très nombreux endroits, est soit absente soit complètement obsolète, mais aussi dans les campagnes de sensibilisation qui restent un peu trop dépendantes des dates et des occurrences. S. O. A.