Qui eût dit que des coaches comme Amrani, Belhout, Aït Djoudi, H. Zekri, entraîneurs parmi les plus «compétents» du box-office national soient remerciés et taxés de malpropres par des clubs, lesquels, pour obtenir leurs services et les débaucher auprès d'employeurs stables, ont déployé de solides argumentaires et des tonnes de persuasion en cassant leur tirelire pour y parvenir. Les entraîneurs ne sont pas allés dans ces clubs comme on va à Cloche-Merle. Ils ont pris soin, et pour cause d'instabilité chronique, de monnayer très chèrement leur know-how, en exigeant la qualité des effectifs et, par voie de conséquence, le recrutement de joueurs capables d'assurer leur hégémonisme sur la compétition nationale ou du moins de pérenniser la bonne étoile qui, jusque-là, les a accompagnés, en réalisant un sans-faute parmi l'élite, malgré des moyens restreints (Amrani et l'ASO), qui, à chaque fois, faisait accéder l'équipe drivée (Zekri). Le carrousel des entraîneurs durant l'intersaison se fait généralement au détriment de la raison, en ce sens que les clubs parmi les plus riches s'arrogent d'autorité les services des meilleurs d'entre eux, non pas parce que leurs dirigeants sont persuadés que ces derniers vont apporter ce plus… objectif essentiel et légitime de toute équipe, mais comme celui (objectif) sournois de neutraliser les autres. Amrani, Aït Djoudi, Bouarrata, Tebib, Belhout et bien d'autres n'ont pas fait long feu là où ils étaient attendus en qualité de messie. La saison vient à peine de commencer et la porte de sortie n'épargnera pas, sans exception, tous les drivers activant dans les deux divisions. Cette instabilité ne peut que forcément inciter à se poser des questions non pas sur la précarité de l'emploi des techniciens concernés souvent et trop rapidement imputés au chaos qui sommeille au sein de chaque club, mais plutôt sur leur capacité réelle, leur savoir théorique… son application pratique sur le terrain. Autrement dit, à la maîtrise d'un métier comme le serait un tisserand, un dinandier, un mécanicien que ne rebuterait aucun ouvrage. Est-ce à dire que tout l'échafaudage ne tient qu'à un concours de circonstances, une conjonction d'éléments ponctuels qui font qu'en s'installant, même d'une manière factice, une certaine forme d'harmonie peut durer dans le temps et parfois indéfiniment sauf rupture parfois injustifiée (ASO/Amrani) qui, heureusement ou malheureusement, c'est selon, vient apporter la preuve que c'est le collectif qui fait et le driver et sa réputation surfaite et non l'inverse ? Le cas illustratif de ce début de saison est sans conteste celui de Saïb Moussa plus que transparent avec son nouveau club, après une saison extraordinaire avec son ancien employeur, en l'occurrence la JSK. En fait, c'est tout le système qui est en cause, la compétition nationale et son organisation procèdent d'une érosion quasi-générale de tous les paliers. L'absence de formation, l'inexistence d'écoles de sport au sein des associations, la défaillance du sport scolaire, un football de quartier ignoré par les clubs alors qu'il constituait jusque-là le vivier de la compétition nationale, l'extinction d'une politique de prospection qui faisait que chaque année des talents nouveaux éclosaient. Or, depuis une quinzaine d'années, ce sont les mêmes coaches qui activent au sein de la compétition nationale. Ce sont, pour la même période, les mêmes joueurs recyclés jusqu'à l'usure qui animent les différents championnats dans une sorte de cycle végétatif, dont la meilleure illustration reste bien évidemment une équipe nationale spectrale. Et pour boucler la boucle, des instances nationales dirigeantes travaillent dans le plus grand dilettantisme, pour ne pas dire l'improvisation. En conclusion, et exception faite pour un ou deux techniciens, il n'existe pas d'entraîneurs dignes de ce nom selon les canons du métier, mais plutôt des chamans, dont la réussite repose plus sur une certaine forme d'empirisme que sur la docte maîtrise du métier. Pour l'anecdote, un récent documentaire sur El Jazeera montrait les deux étoiles montantes du football français, alors qu'elles n'avaient qu'une dizaine d'années et évoluaient dans un centre de formation de l'OM. Il s'agit de Mathieur Valbuena et de Samir Nasri. Leur entraîneur était un bénévole et leurs premiers supporters… leurs parents. La suite se passe de commentaire. A. L.