De notre envoyé spécial à Paris Lyès Menacer Le Festival cinématographique Maghreb des films a ouvert ses portes, dimanche soir, à l'Institut du Monde arabe (IMA) à Paris. Un grand hommage a été rendu aux victimes algériennes du 17 Octobre 1961, par Mouloud Mimoun, un des fondateurs de ce festival, qui avait donné le coup de starter à cette manifestation culturelle. Il dira : «Nous avons tenu à commémorer cet évènement douloureux, surtout qu'il s'agit du cinquantenaire des massacres du 17 Octobre 1961.» Cette date rappellera toujours, aux uns et aux autres, les 300 manifestants algériens jetés dans la Seine et les milliers d'autres emprisonnés et torturés par la police française de l'époque qui avait agi, pour rappel, sous les ordres de Maurice Papon. La journée d'aujourd'hui sera d'ailleurs consacrée à ce tragique événement qui avait ouvert davantage les yeux à la communauté internationale sur la sauvagerie du colonialisme français. Pas moins de sept films seront projetés à cette occasion au Forum des images, l'un des trois lieux où se déroulera le Maghreb des films 2011.Mais pour sa première soirée, le festival a honoré la révolution tunisienne qui était derrière le départ du dictateur Ben Ali après environ 24 ans de règne sans partage en Tunisie. Deux courts-métrages et un documentaire fiction des jeunes réalisateurs tunisiens Mohamed Ben Attia et Mohamed Zran, et son frère Tahar ont été projetés à l'IMA, suscitant une forte émotion chez les présents qui les avaient applaudis tout au long de la soirée.Les productions cinématographiques de ces jeunes cinéastes racontent en fait une autre Tunisie et montrent un peuple tunisien conscient des enjeux politiques et déterminé à se libérer des griffes de la dictature. Avec Digage, Digage, film documentaire actuellement en montage, Mohamed Zran a offert au regard extérieur une autre réalité de la Tunisie. Le film a été tourné après la fuite de Ben Ali en Arabie Saoudite. «Au lendemain de la fuite de Ben Ali, les Tunisiens n'ont pas voulu rentrer chez eux parce que leur révolution visait aussi à faire tomber le régime qu'il avait bâti. Les jeunes qui avait mené la révolution ont donc continué à manifester contre Ghanouchi qui faisait partie de ce système, et ils ont eu gain de cause», dira le documentariste.Muni de sa caméra, M. Zran a filmé sur le vif les manifestations des jeunes dans les rues de Tunis, principalement celles qui se sont déroulées au boulevard Bourguiba. «Ce boulevard (Bourguiba) a été pour moi une sorte de théâtre, un lieu de mémoire de cette révolution», a expliqué le réalisateur tunisien, originaire de la petite ville balnéaire Zarzis. Durant cette même soirée de dimanche dernier, le public, fort présent à la séance d'ouverture du festival, a eu également droit à la projection de Loi 76, un court-métrage à forte dose politique du jeune et prometteur réalisateur tunisien Mohamed Ben Attia. Pour la deuxième partie de la soirée inaugurale, les organisateurs ont choisi de projeter Vivre ici, une fiction documentaire de 87 minutes. Ce film est l'œuvre de Mohamed Zran qui serait probablement présent à la prochaine édition du Festival international du film arabe d'Oran. Par ailleurs, les fondateurs de Maghreb des films travaillent déjà à l'exportation de ce festival dans les pays du Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) parce qu'il s'agit avant tout d'une manifestation culturelle qui s'intéresse aux peuples du Maghreb, indiquent-ils.