Photo : M. Hacène De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Avec ses onze centres de formation professionnelle, ses deux instituts spécialisés, un IFP et ses annexes formant 17 413 stagiaires dans 90 spécialités, la formation professionnelle essaye tant bien que mal de combler les déficits dans certaines spécialités que recherchent désespérément des entreprises et qui sont rares de nos jours. «C'est très difficile de répondre à ces besoins exprimés, explique M. Makhloufi Mohamed, directeur de la formation professionnelle. Les stagiaires ne veulent pas s'inscrire et suivre des formations dans ces spécialités. Etre maçon, coffreur-boiseur ou coffreur-bancheur, carreleur, ferrailleur ou plâtrier n'emballe pas les jeunes, ils boudent ces métiers et ne veulent pas en entendre parler. Ils préfèrent plutôt l'informatique et l'engouement est tel que nous avons des problèmes pour satisfaire la demande qui a explosé ces dernières années». Selon le directeur, il y a, ces derniers temps, un intérêt particulier des jeunes pour la ferronnerie d'art, la plomberie sanitaire, les métiers en relation avec le gaz et le froid. Lors de la dernière réunion des directeurs à Alger, les statistiques établies ont fait état d'un important déficit en métiers manuels et décision fut prise pour encourager la formation dans ces métiers de façon à répondre à la demande. Ces formations rémunérées à 3 000 DA / mois avec l'assurance d'un emploi à la fin du stage devaient en principe attirer des milliers de candidats et le problème devait normalement être réglé en grande partie au vu des moyens mis à la disposition des centres de formation. Cela n'a pas été le cas à Annaba où seulement 129 jeunes se sont inscrits dans ces filières alors que l'on s'attendait à quelque 2 000 stagiaires. Les prévisions, donc, ont été revues à la baisse. «Devenir maçon ou ferrailleur, c'est salissant et fatigant, travailler sous le soleil et la pluie, ce n'est pas un métier pour moi, nous confie un jeune stagiaire en informatique. Je préfère les filières où l'on travaille derrière un bureau au propre.» Propos qu'on retrouve chez d'autres stagiaires pour qui ces métiers sont avilissants et dévalorisants. «J'ai le niveau de terminale, je ne peux pas m'abaisser à exercer ce métier (maçon), vous me voyez, moi un jeune de mon âge, au milieu des matériaux de construction, avec une combinaison toute poussiéreuse et du béton sur les mains, non je ne le ferai jamais quitte à rester chômeur», nous confie un autre inscrit dans la filière GRH. La motivation pour les métiers manuels n'existe pas même si ces métiers sont relativement bien rémunérés, les jeunes d'une manière générale préfèrent des formations dans l'administration ou l'informatique, c'est un état d'esprit, une mode en quelque sorte et l'on voit d'un mauvais œil toutes les autres surtout celles tenues pour salissantes et dévalorisantes.A la Direction de la formation professionnelle de Annaba, on nous apprend que l'orientation des stagiaires se fait selon les souhaits de ces derniers mais selon le guide des offres qui est validé par le conseil administratif et financier du secteur puis par la commission de partenariat. Parfois, la demande dépasse l'offre dans certaines spécialités et l'on a recours à un concours selon les niveaux pour ensuite réorienter certains vers l'apprentissage avec 1 à 2 jours de formation théorique. Ce qui n'est pas le cas des résidentiels qui, eux, font plus de théorie suivie de stages pratiques au sein d'entreprises. Les formations les plus longues sont celles de technicien supérieur avec des évaluations semestrielles durent 30 mois en résidentiel et 36 mois en apprentissage.