Vingt-quatre soldats turcs ont été tués et 18 autres blessés dans des attaques multiples de rebelles kurdes à la frontière irakienne, et l'armée turque est entrée en Irak pour pourchasser les assaillants jusque dans leurs bases arrière. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a confirmé au sortir d'une réunion d'urgence de plusieurs ministres de son cabinet et de responsables militaires que des troupes d'élite étaient entrées en territoire irakien pour pourchasser les assaillants «comme le permet le droit international». Il a aussi fait état d'«opérations d'envergure» à la frontière irakienne contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). «Nous ne céderons jamais, que tout le monde le comprenne bien», a-t-il dit. Erdogan, qui annulé une visite au Kazakhstan, a aussi ajouté que ces attaques ne changeront en rien la détermination de son gouvernement de régler l'épineux conflit kurde par des moyens démocratiques. Les attaques simultanées de plusieurs groupes armés du PKK se sont produites dans huit points des localités de Cukurca et de Yüksekova, dans la province de Hakkari, qui abritent plusieurs postes frontière de la gendarmerie, corps d'armée en Turquie. Les chaînes de télévision ont affirmé que des unités spéciales ont été héliportées en territoire irakien afin de barrer la route des rebelles voulant s'enfuir plus avant en territoire irakien. L'aviation turque a bombardé les rebelles dans le nord de l'Irak, visant notamment la région de Qandil, principale base arrière du PKK. Il s'agit d'une des plus sanglantes attaques du PKK, qui a engagé en 1984 son combat pour la sécession de la partie kurde (est et sud-est) de la Turquie, depuis 1993, lorsque les rebelles avaient fusillé 33 soldats sans armes au moment de leur transfert d'un point à un autre. Le chef d'état-major, le général Necdet Özel, et les principaux commandants militaires, se sont rendus sur les lieux, a déclaré le chef de l'Etat Abdullah Gül à Ankara. «Nous allons lutter jusqu'au bout contre le terrorisme», a-t-il dit, soulignant que la Turquie était «déterminée» à venir à bout du PKK, mouvement qui est qualifié de terroriste par bon nombre de pays. Il a aussi promis de venger la mort des soldats : «Notre vengeance sera terrible». Le PKK a multiplié considérablement ses attaques depuis l'été, prenant pour cible aussi des civils, après une accalmie et la Turquie a menacé d'intervenir militairement jusqu'en Irak. Mardi, 5 policiers et 4 civils ont été tués dans une attaque attribuée aux rebelles à Bitlis (sud-est). L'aviation turque bombarde régulièrement les caches du PKK dans la montagne irakienne mais les analystes soulignent la nécessité d'incursions terrestres pour nettoyer les bases arrière des rebelles qui utilisent ce territoire comme point d'appui pour mener des attaques sur le sol turc. La Turquie a mené plusieurs opérations d'envergure en Irak, où seraient retranchés quelque 2.000 rebelles, dont la dernière remonte à février 2008. R. I.