Photo : Riad Par Faouzia Ababsa Ils étaient 18 cadres de la DGSN, membres de la commission d'évaluation comparaissant librement, à défilé ce week-end à la barre du tribunal correctionnel de Sidi M'Hamed chargé de juger l'affaire ABM/DGSN. Une affaire dans laquelle l'ex-directeur de l'unité aérienne de la Direction générale de la Sûreté nationale, des cadres de la police ainsi que le PDG de ABM et son collaborateur sont accusés de passation de marchés publics contraires à la réglementation, détournements de deniers publics et octroi de privilèges indus. Délits réprimés par la loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption, notamment ses articles 26, 29 et 30. Les auditionnés par la juge Assia Chekal se sont tous accordés à dire au tribunal que toute la procédure relative aux marchés publics a été respectée dans l'octroi du marché à la société ABM (Algerian Business Multimedia. Un marché relatif à l'acquisition pour la DGSN, dans le cadre de sa modernisation, de matériel informatique (micro-ordinateurs, onduleurs, imprimantes). Ils ont en fait appuyé les propos de leur premier responsable et président de la commission d'évaluation, Chouaib Oultache. «Tout s'est fait dans la transparence la plus totale. De plus, l'inspection générale a enquêté et n'a rien trouvé d'illégal», a déclaré un prévenu qui a précisé que rien n'a été laissé au hasard et que toutes les vérifications ont été faites pour voir si les conditions requises par les cahiers des charges étaient réunies.» Tout comme ses co-accusés, il affirmera que Oultache n'a fait aucune pression sur la commission pour choisir ABM dans laquelle le gendre du colonel et directeur de l'unité aérienne de la DGSN est adjoint du PDG et actionnaire. En fait, la justice veut vérifier si l'octroi du marché du matériel informatique à ABM avait une relation avec le fait que le gendre d'Oultache y travaillait. Une sorte de délit d'initié que le tribunal correctionnel tente de prouver pour conclure à la passation de marchés publics contraires à la règlementation. Les questions du parquet versaient toutes dans le sens de savoir si les prévenus étaient au courant du lien de parenté entre Oultache et Sator, ce qui expliquerait le favoritisme dont aurait bénéficié ABM. Les auditionnés ont tous répondu par la négative. Sauf l'adjoint d'Oultache qui, selon l'arrêt de renvoi, a déclaré au juge d'instruction qu'il connaissait la relation qui lie les deux hommes. Ce à quoi Oultache a rétorqué que c'était normal, puisque son adjoint avait assisté au mariage de sa fille et des photos prises lors de la cérémonie le prouvent. Même Ali Tounsi, selon Oultache, était au courant. Il faut savoir que cette affaire est intimement liée à celle de l'assassinat d'Ali Tounsi par Oultache. En ce sens que le conflit entre les deux est en relation avec le marché octroyé à ABM et pour lequel Ali Tounsi avait diligenté une enquête en envoyant l'inspection générale. Si les 25 accusés (dont 7 sont en détention) sont innocentés, la thèse de la légitime défense dans l'affaire de l'assassinat sera invoquée et les circonstances atténuantes accordées. Le procès se poursuit et risque de prendre plusieurs jours compte tenu du nombre des prévenus, des 15 témoins qui devront défiler à la barre. S'ensuivra alors le réquisitoire du procureur et les plaidoiries de la trentaine d'avocats constitués par les accusés.