Photo : S. Zoheïr De notre correspondant à Tizi Ouzou lakhdar Siad La laiterie de Draa Ben Khedda, à 11 kilomètres à l'ouest du chef-lieu de wilaya, vit bien son passage au privé. Les défenseurs des travailleurs ne tarissent pas de louanges à l'endroit du repreneur privé vilipendé il y a si peu de temps… au temps toujours sans merci des privatisations tous azimuts imposées par le seul propriétaire, l'Etat. L'ex-Orlac est en pleine «mutation», selon l'union locale du syndicat d'entreprise après un peu plus de six mois de privatisation, mais une «mutation» positive à voir le rythme satisfaisant qu'a donné le repreneur, ancien fromager de la région et employé de l'Orlac jusqu'en 1988, tant à la productivité de l'outil industriel qu'à la situation socioprofessionnelle des travailleurs au bord de multiples menaces de fermeture, de bradage ou de licenciements abusifs au début de l'été dernier. Les travailleurs s'étaient fermement opposés à la cession en filiale à 100% privée de l'entreprise dépendant du groupe Giplait sachant les craintes que soulève ce genre d'opération au sein des salariés. Le collectif des travailleurs de la laiterie avait mis beaucoup de pression et maintenu en haleine l'opinion régionale dans l'un des meilleurs et importants complexes industriels de la Kabylie. «Les travailleurs en agissant de manière forte pour s'opposer à la cession de la laiterie voulaient tout simplement protéger leur gagne-pain de toute intention de bradage qu'aurait voulu appliquer une quelconque autorité économique ou politique contre l'usine», affirme-t-on parmi les responsables du syndicat de l'union locale UGTA de Draa Ben Khedda. Les différentes actions de protestation contre la privatisation n'étaient nullement animées par un désir quelconque de vengeance ou par fantaisie mais par un souci dicté par le contexte voué à la perte injustifiée de l'outil de travail, ajoutent les membres de l'union locale. 30 milliards de centimes pour satisfaire les revendications des travailleurs Cependant, les choses se sont passées autrement et les rapports de confiance et de partenariat entre le repreneur privé et les représentants des travailleurs ont connu un saut positif dans le cadre des négociations sur la convention de branche, du cahier des charges et autres garanties d'investissements et engagements concrets d'amélioration des conditions socioprofessionnelles et de retraite des quelque 400 employés de la laiterie. L'offre pour une durée de cinq ans du privé a été finalisée en juin 2008. En plus des 82 milliards de centimes que vaut la cession, le repreneur a déboursé environ 30 autres milliards de centimes dans la prise en charge de la plate-forme de revendications des employés, entre avantages financiers, sociaux et indemnités pour les employés tout près de la retraite. Une valeur de reprise globale qui dépasse l'estimation de 120 milliards avancée par les syndicalistes qui ont eu, en fin de compte, plus qu'ils ne demandaient. «Une cinquantaine de chômeurs sont recrutés et plusieurs acquisitions de machines sophistiquées (2 005 boîtes/heure) ont été concrétisées depuis la cession en juin dernier par la nouvelle direction de la laiterie», se réjouit-on. La production sur les plans de la quantité et de la qualité a connu un boom, selon les chiffres disponibles. Ainsi, la laiterie est passée de 15-16 000 litres/jour de lait pasteurisé à 30 000 ; la quantité de boîtes de fromage a atteint les 16-17 000 boîtes/jour alors qu'elle oscillait entre 10 et 12 000 boîtes/jour. La production de petit lait a doublé ; elle était de 5 000 litres/jour et dépasse actuellement les 10 000 litres/jour. Le lait de vache en sachet fait aussi partie de la gamme des produits mais celui-ci cédé à 37 DA à l'usine revient cher au consommateur, selon l'union. «En plus, le fromage de la laiterie est fabriqué à 100% à base de lait de vache», vante-t-on quand on parle du produit de la fromagerie. Le satisfecit du syndicat Le syndicat demeure satisfait jusqu'à présent de l'application des engagements de M. Airad. «Le repreneur s'est engagé par acte notarié et a respecté jusque-là ses engagements et tenu ses promesses. Nous menons normalement nos activités syndicales au sein de la laiterie. Nous pensons que la laiterie de Draa Ben Khedda, qui domine le marché local et national, est un bon exemple de privatisation qui va dans le sens de la protection des intérêts de la Kabylie.» Pour rappel, la laiterie de Draa Ben Khedda a été créée au début de 1974 et est considérée comme l'un des fleurons de l'industrie locale et nationale. Devenue filiale SPA du groupe Giplait, en 1997, elle a connu deux principaux volets sociaux : retraite anticipée, proportionnelle et départ volontaire, en 1996 et en 1997, faisant réduire de moitié ses effectifs de 722 travailleurs à 340. La poudre de lait est rationnée par l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) d'Alger.