En ce cinquante-septième anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération nationale, dont les jeunes furent les premiers à porter le flambeau, beaucoup de questionnements reviennent sur la scène nationale. Il s'agit particulièrement de la place accordée à la génération post-indépendance dans la sphère décisionnelle de l'économie nationale. L'Etat, qui a énormément investi depuis l'indépendance dans l'enseignement supérieur pour former les élites de la nation, n'a pas vu les fruits de ses efforts venir. Et pour cause, ceux qui sont nés après 1962 sont très peu nombreux, aujourd'hui, à jouir d'une considération. Ils sont, pour la plupart d'entre eux, marginalisés. Bon nombre d'entre eux n'ont pas trouvé mieux à faire que d'émigrer vers d'autres cieux ou le génie et le savoir-faire ont leur place. L'économie nationale, qui est depuis quelques années en quête de diversification, donc de nouvelles connaissances et de technologies modernes, a payé le lourd fardeau de cette marginalisation qui est en contradiction avec les discours politiques. Des discours qui font de la jeunesse le porte-flambeau du développement économique. Mais qui sont malheureusement loin de se traduire sur le terrain. A quelques exceptions, les postes clés de l'économie nationale sont toujours entre les mains de gérontocrates qui ont fini, au fil des ans, par faire valoir non pas leurs compétences mais par montrer leur échec dans la gestion des entités économiques publiques, lesquelles ont été menées à la faillite après avoir été des années durant le fleuron de l'industrie nationale. Et ce, avant de sombrer dans les difficultés financières et autres défaillances et laisser la place aux barons de l'importation, avec toutes les conséquences sur le marché national. Le marché s'est retrouvé, en effet, inondé par les produits contrefaits introduits en Algérie frauduleusement avec la complicité des hauts placés de la sphère économique nationale, faut-il le rappeler. A l'ère où le gouvernement cherche à passer à l'économie fondée sur la connaissance (EFC), pour laquelle il faut assurer certaines conditions, les jeunes diplômés, ingénieurs, licenciés des grandes écoles, telle l'Ecole nationale d'administration, continuent à être relégués au dernier rang. Et pourtant, ils sont dotés des outils nécessaires pour relever ce défi, notamment ceux qui ont eu la chance de bénéficier de bourses d'études à l'étranger et qui ont choisi de revenir au bercail, croyant pouvoir jouer pleinement leur rôle dans l'édification de l'économie. Or, ce n'est pas le cas. Si dans le secteur privé, les jeunes entrepreneurs commencent à émerger et à prendre une place prépondérante sur la scène nationale, à l'image d'Alliance Assurances, Granitex, Cevital, qui a à la tête de ses filiales et de ses différentes directions des jeunes, dans le secteur public la relève se fait de manière très timide. Même quand les quadragénaires ou même les quinquagénaires sont impliqués dans la gestion, ils le sont théoriquement, car la prise de décisions se fait loin d'eux. Ils sont là en tant qu'exécutants sans plus. Tout comme le monde de l'entreprise, celui du patronat est dominé par «l'ancienne génération». Ce sont toujours les mêmes personnes qui sont à la tête des organisations patronales. Que se soit à la CAP (confédération algérienne du patronat), la CGEOA (Confédération générale des entrepreneurs et opérateurs algériens), l'UNEP (l'Union nationale des entrepreneurs publics), la CIPA (Confédération des industriels et producteurs algériens) ou au FCE (Forum des chefs d'entreprises), les responsables n'ont pas changé depuis de nombreuses années. Et dire que ces organisations ont besoin de sang neuf, d'une nouvelle dynamique et de nouveaux programmes. L'heure du changement a sonné et le temps n'est pas à perdre pour rattraper le train du développement, un train qui a déjà raté plusieurs stations faute d'avoir impliqué la frange jeune qui a été de toutes les révolutions qu'a connues le pays et que connaît le monde arabe aujourd'hui. S. I.