La célébration du 54ème anniversaire du 19 mai 1956 est pratiquement passée inaperçue, tout comme le sont les célébrations des dates les plus marquantes du mouvement national et de la guerre de libération. Le temps, grand artisan de l'oubli, a fait, quoique disent des acteurs politiques sincères ou totalement intéressés, qu'une grande partie de la jeunesse ignore tout de la longue marche pour l'indépendance et qu'une partie des étudiants du pays ne savent rien de l'appel du 19 mai 1956, qui a précédé de quelques mois la bataille d'Alger immortalisée par un cinéaste… algérien et avant lui par Y. Chahine avec Djamila l'Algérienne. Le souffle épique de la jeune génération qui a maturé, déclenché et mené sur tous les fronts le combat libérateur est retombé parce que le flambeau n'a non seulement pas été transmis, mais il est escamoté, transformé en une rente à vie, souvent pour des milliers d'hommes qui n'ont strictement rien donné au pays durant les années de braise. Le message du président de la République, classique et convenu pour la circonstance, n'en contient pas moins une profondeur qui mérite l'implication plus concrète et la plus large possible des partis, tous sans exception et essentiellement des élites et des clercs de plus en plus indifférents aux mutations sociales, aux divisions artificielles mais rentables pour certains, et aux aspirations de jeunes, identiques à celles des jeunesses des autres nations. Effectivement, la jonction entre les générations et la transmission des valeurs de Novembre ne se font plus depuis belle lurette. Beaucoup de personnes âgées occupent des postes stratégiques dans l'économie, dans les institutions, souvent sans les diplômes, la compétence et l'intégrité exigés. D'un autre côté, des milliers de jeunes, brillants universitaires et honnêtes, végètent dans l'ombre d'aînés qui s'accrochent, ne transmettent rien, n'écrivent rien et, à la première occasion règlent des comptes qui sont du pur surréalisme pour la majorité qui ne sait même pas de quoi on parle. Les enseignements de Novembre, s'ils avaient irrigué les consciences dès le premier jour de l'école, auraient pu, dans une large mesure, faire éviter de sombres tragédies et des milliers de morts dont la liste s'allonge encore aujourd'hui. Se référer à ces valeurs ne relève ni de la nostalgie ni de la rente comme savent le faire moult «familles». Les valeurs et vertus de Novembre sont d'aujourd'hui. Que Sonatrach retrouve, dans sa gestion, des chemins vertueux et que les lois sur la corruption soient appliquées partout, pour tous, ce serait le meilleur hommage à rendre à ces étudiants et surtout aux lycéens qui avaient rejoint le FLN–ALN. Au plan des investissements, les Algériens et des investisseurs émiratis ont repris langue pour, éventuellement, faire repartir les relations sur de nouvelles bases. Si, avec juste raison, Louisa Hanoune regrette l'université algérienne d'une certaine époque, le moment est peut-être venu à la fin de l'été de revoir le système éducatif de la crèche au doctorat pour honorer le 19 Mai 1956. Et pour que l'université s'implique plus et mieux dans sa relation avec l'entreprise, l'investissement, la recherche et les investisseurs. Pour que les projets avec les Emiratis ne soient plus des mirages du désert ou des avatars d'une énième stratégie industrielle. Entre les regrets de Louisa Hanoune devant une université atomisée par des sectes, pour cause de subventions et autres carottes, et les espérances de voir la jeunesse retrouver des liens et des passerelles avec les aïeux, le pays a d'énormes possibilités à exploiter. Mais il faut rompre radicalement avec les archaïsmes, le charlatanisme, la prédation et l'impunité qui l'entourent. Ce sont de vastes chantiers, mais à la portée si les volontés politiques se rejoignent. A. B.