Le gazoduc Nord Stream, une canalisation reliant les gisements russes à l'Allemagne, a été mis en service, hier, en présence de la Chancelière allemande, Angela Merkel, et du Premier ministre français, François Fillon, au côté du président russe, Dmitri Medvedev. Aux dires de beaucoup, le Nord Stream marque une nouvelle étape dans la stratégie de développement de Gazprom, le géant russe. Nord Stream est le produit d'un partenariat industriel de Gazprom avec les grands groupes d'énergie et de chimie européens (E.ON, Basf, GDF Suez, Gasunie). Avec la décision récente de l'Allemagne d'abandonner le nucléaire, les perspectives d'explorations gazières s'annoncent prometteuses pour la fédération de Russie.Autre projet, celui du gazoduc South Stream, dont la construction n'a pas encore débuté et qui devrait entrer en service au milieu de la décennie. Il ne passera pas par l'Ukraine pour des raisons d'ordre politique. Lancé au milieu des années 2000, il est cofinancé par EDF, l'italien ENI et l'allemand Basf. C'est la sécurité des approvisionnements du Vieux continent qui est en jeu. En 2030, le gaz acheminé par les gazoducs de Gazprom devrait représenter 50% de l'approvisionnement total de l'Europe (contre 26% en 2011), résume Colette Lewiner, directrice du secteur énergie du consultant Capgemini, cité par le journal le Monde. Mais quel rôle devrait jouer l'Algérie, un pays gazier, dans ce processus d'évolution sur la scène énergétique européenne ? Une réflexion a été dégagée par un groupe d'experts à ce sujet. Si l'Algérie a l'ambition de consolider et de préserver sa position de deuxième exportateur de gaz vers l'Europe, il faut qu'elle le fasse aujourd'hui, parce que le marché européen gagne en concurrence et en multiplicité de fournisseurs de gaz. L'Algérie est appelée ainsi à faire face à un environnement concurrentiel fait de nouveaux «arrivants» sur le marché gazier européen, mais surtout d'un pays gazier redoutable. L'Algérie devrait réfléchir à une carte alternative, celle de l'électricité, c'est-à-dire instaurer un modèle de consommation énergétique à base électrique, mettre en place un réseau électrique dense.Une option réaliste, réalisable ? Les experts dont il est question ont même donné une idée de ce à quoi pourrait ressembler ce projet : ce serait un «Sunstream» algérien par analogie au gazoduc Southstream. Ce seront d'importantes installations en mesure de fournir 24GW en électricité produite à partir du solaire, à travers deux interconnexions en HVDC, depuis Hassi R'mel. La première interconnexion irait vers l'Espagne, la France et l'Allemagne ; la seconde vers l'Italie et l'Autriche. Une géographie de l'économie tout à fait intéressante, puisque le coût du transport sera moins élevé. Y. S.