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Les associations de malades exigent des compétences à la tête de l'Agence du médicament Les gestionnaires des hôpitaux et les DSP désignés par cooptation
Devant le dysfonctionnement du marché du médicament et du calvaire infernal des malades chroniques, les décideurs tentent de mettre en place des mesures de «bricolage», sans pour autant élaborer une véritable stratégie à même d'endiguer le problème des pénuries qui s'éternisent. Les associations de malades chroniques ont de tout temps dénoncé la mauvaise gestion d'un secteur aussi sensible que celui de la santé. Elles nous ont fait part de leurs inquiétudes mais aussi de leurs espoirs. Ces associations souhaitent que les mesures prises dernièrement par le gouvernement, et notamment l'installation de l'agence nationale du médicament, puissent mettre fin aux problèmes récurrents qui minent le secteur du médicament. Le président de l'association SOS hépatites Algérie et responsable du réseau des associations des malades chroniques, Abdelhamid Bouallag estime que la situation des malades et celle du secteur de la santé se sont dégradées de façon dramatique ces dernières années. «Nous avons de tout temps interpellé les décideurs pour qu'ils interviennent et mettre un terme aux souffrances des malades, pris en otages dans des crises interminables. Il a fallu l'intervention du premier ministre pour activer l'agence nationale du médicament qui a été créée en 2008 par décret présidentiel». «Ce qui est grave. Cela prouve que les responsables au ministère de la Santé sont incompétents et incapables de gérer le dossier du médicament», dénonce notre interlocuteur qui ajoute qu' «il est pour le moins aberrant de constater que les gestionnaires des hôpitaux et les DSP sont désignés par cooptation et non sur la base de leurs compétences», déplore-t-il. «Cela doit changer», nous dit-il. «L'installation de l'Agence nationale du médicament ne suffit pas, il faut débloquer les financements nécessaires, mettre en place le personnel qu'il faut et surtout un responsable à la hauteur de ces responsabilités», explique notre interlocuteur. Il estime, par ailleurs, nécessaire qu'«il y ait une étude prévisionnelle sur le marché du médicament en Algérie afin de connaître les besoins réels en médicaments pour chaque pathologie loin des lobbies pharmaceutiques, car il y a un dysfonctionnement terrible entre la Pharmacie centrale des Hôpitaux (PCH) et les hôpitaux». De son côté, Mme Hamida Kettab, secrétaire générale de l'association El Amel-CPMC d'aide aux malades cancéreux, également responsable à l'Alliance des associations d'aide aux patients atteints de cancer, insiste sur l'installation immédiate de cette agence qui permettra, espère-t-elle, «d'assurer une meilleure disponibilité du médicament» et de permettre de mettre fin aux souffrances des malades. «Il est impératif, dit-elle, de mettre en place des mesures urgentes, car la situation des malades atteints de cancer ne cesse de se détériorer». Mme Kettab décrit une situation douloureuse et des plus tragiques. «Des centaines, voire des milliers de malades attendent leurs soins, nombreux sont ceux qui succombent faute de traitements. Elle pose le problème des centres anticancéreux qui ne sont pas fonctionnels et l'absence de radiothérapie. «Actuellement, 20 000 malades sont en attente de radiothérapie», rappelle notre interlocutrice précisant que pour avoir «un RDV dans cette spécialité au Centre Pierre et Marie Curie d'Alger, il faut attendre le mois de juin 2012». Selon l'Alliance des associations d'aide aux patients atteints de cancer, «des solutions peuvent être envisagées comme le transfert transitoire de ces malades dans des pays où les résultats en termes de radiothérapie sont connus et reconnus. Nous savons que c'est faisable. En quoi le transfert de quelques milliers de personnes de façon organisée est-il si insurmontable ? La vie de l'Algérien ne mérite-t-elle pas qu'on fasse cet acte de solidarité nationale ? De plus amplement mérité, puisque la plupart d'entre eux ou leurs parents ont cotisé au nom de cette solidarité nationale justement ?», s'interroge encore la représentante de l'Alliance des associations d'aide aux patients atteints de cancer. Selon elle, «il ne s'agit pas d'une charité envers les malades. Il s'agit simplement de faire respecter une disposition constitutionnelle : Le droit à la santé pour chaque Algérien et a fortiori le droit à la vie». « Le désespoir s'est mué en sentiment d'injustice quand nos malades ont appris que chaque année, 200 personnes sont transférées à l'étranger pour des soins d'oncologie pour un montant de 6 millions d'euros !», indique indignée l'Alliance des associations d'aide aux patients atteints de cancer. «Des malades nous ont contactés et exprimé leur désappointement et se demandent comment se fait-il que 200 malades puissent avoir accès à ce type de transfert alors que d'un autre côté, on prêche le non-transfert ? Qui sont ces malades ?, s'interroge-t-on. «Quels sont ces soins qui ne pouvaient leur être prodigués en Algérie alors que l'Etat algérien dépense des milliards pour l'importation d'anticancéreux et plus précisément de molécules de dernières générations.» L'Alliance des associations d'aide aux malades atteints de cancer exige que des mesures conséquentes et rapides soient prises dans les meilleurs délais en faveur des malades qui en attendant meurent en silence. A. B.