Photo : Sahel De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar A Oran, comme partout dans le reste du pays, les malades doivent faire face à une double situation : Celle des pénuries qui mettent leurs vies en danger, et celle de la campagne de désinformation qui met en relief les affirmations du ministre de la Santé et de la population quant à la disponibilité de stocks suffisants et l'absence de pénuries, qui les avaient amoindris sur le plan psychologique. Des préjudices doublement graves que les responsables du secteur devront assumer totalement, eu égard au nombre de malades décédés et ceux dont la santé a connu des complications graves. Contrairement aux prévisions et aux affirmations du ministre de la Santé quant à la prise en charge locale d'une certaine nomenclature de médicaments en génériques, l'incapacité des laboratoires algériens à prendre en charge la demande exprimée a été telle que des ruptures de stocks sont signalées dans la majeure partie des hôpitaux et régions du pays, mettant en danger la vie des malades chroniques et des patients usagers des hôpitaux ; sachant que la loi interdit le recours à l'importation des médicaments produits localement. De son côté, la Pharmacie Centrale des hôpitaux (PCH) croule sous l'achat de plus de 65 % des médicaments importés et 35% des médicaments génériques. Cela, sans compter le manque criant de centres de radiothérapie et de chimiothérapie, ainsi que la rupture de stocks de réactifs indispensables dans les opérations chirurgicales et les analyses biologiques et autres.Depuis plusieurs mois, les colonnes de la presse nationale ne cessent de dénoncer les pénuries de médicaments de certaines maladies chroniques et les ruptures de stocks de produits réactifs dans les laboratoires d'analyses des hôpitaux et des blocs opératoires. Or, une interruption quelconque dans le traitement chimique d'un cancer équivaut à une mort programmée du patient. Ce qui fera dire à un spécialiste que «80 % des patients atteints de cancer ne se présentent pas à l'hôpital, parce qu'ils meurent, tout simplement». C'est un constat effarant. A Oran, les malades atteints de cancer doivent composer, cycliquement, avec les pénuries de médicaments et avoir recours au système D pour ne pas avoir à subir de complications graves. Parmi les médicaments frappés par ces pénuries récurrentes et surtout persistantes, on peut citer la Bléomycine en injection 15 mg, un médicament associé à d'autres pour traiter différents types de cancer, notammenceux des testicules, du cou ou de la tête. Il y a également l'Etoposide 100 mg et d'autres médicaments vitaux entrant dans la combinaison des produits traitant différents types de cancers. Les familles des patients doivent souvent faire appel à des stewards, des hôtesses, des pilotes ou de simples voyageurs à l'étranger pour s'approvisionner en médicaments anticancéreux.Même les patients séropositifs et les sidéens, jugés prioritaires dans la prise en charge et la thérapie prodiguées par l'état, ne sont pas non plus épargnés par ces graves perturbations dans l'approvisionnement. Parmi les médicaments et les produits touchés par cette pénurie cyclique, on citera le Zidovudine ou AZT, un antirétroviral qui empêche la multiplication du virus de l'immunodéficience humaine (VIH), un médicament administré en extrême urgence pour empêcher une propagation du virus du Sida. Les cardiaques qui sont opérés et qui doivent effectuer des analyses et des suivis pour l'hémostase sont confrontés à la pénurie de réactifs. Les tuberculeux qui ne doivent pas suspendre, une seule minute, leurs traitements respectifs doivent également faire des pieds et des mains pour trouver le fameux Pyrazinamide en comprimés 500 mg, un antibactérien préconisé dans la phase d'attaque de la tuberculose et qu'il est fortement recommandé de ne pas suspendre, sous peine de résistance fatale de la pathologie. M. O. Les médicaments de contraception introuvables et onéreux Les oranaises dans le désarroi total Dans un pays où la contraception est devenue une culture et un mode de vie au sein de la famille algérienne moderne, il est aberrant de parler de dysfonctionnement grave et de négligences fatales dans la disponibilité de stocks de médicaments contraceptifs. De plus en plus de femmes oranaises crient leur désarroi et leur colère face à la pénurie qui a touché pas moins de sept médicaments contraceptifs : On peut citer Néogynon, Microgynon, Minidril et d'autres encore qui ont disparu totalement des étals des pharmacies. La particularité de ces médicaments réside dans le fait que ce sont les molécules d'origine comportant des tablettes de 3 mois. Ils sont donc pratiques et économiques. Ce qui n'est pas le cas des contraceptifs génériques qui sont d'un seul mois et qui sont très chers par rapport aux originaux. Cela sans compter leurs effets secondaires suspects et très nocifs pour nombre de femmes qui se bousculent dans les centres de protection de la maternité et de l'enfance PME. «Certaines femmes se sont même retrouvées enceintes malgré elles, alors qu'elles venaient, forcées de changer leurs pilules», nous confie une sage-femme à la maternité du CHUO. Il fut un temps où les femmes se faisaient prier pour prendre ces pilules à titre gracieux. Aujourd'hui, la femme doit payer le prix fort pour réduire le taux de naissances. Dans certaines polycliniques, des enfants n'ont pas droit aux vaccins pourtant garantis par l'état algérien et l'OMS qui en fournit les stocks.