Photo : M. Hacène Par Younès Djama Le président de la République demandera une seconde lecture sur les réformes dont il a été l'initiateur sans toutefois en préciser la nature, selon ce qu'a confié Abdelaziz Bouteflika à la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), lors d'une réception organisée à l'occasion du 1er Novembre. A l'occasion d'une entrevue en tête-à-tête avec la SG du PT, le chef de l'Etat aurait affirmé à Mme Hanoune, qui s'inquiétait du fait que les réformes ont été vidées de leur substance, qu'en soumettant ses réformes aux élus du peuple, il (Bouteflika, ndlr) entendait une seule chose : les faire enrichir. Et Hanoune de lui faire remarquer que ses réformes ont été appauvries au lieu d'être enrichies. Louisa Hanoune, qui a réuni, hier à Alger, ses militants du centre, a affirmé que le président Bouteflika, tenant visiblement compte des oppositions qu'ont suscitées ces mêmes réformes, notamment de la part des députés du FLN, (n)'exclut pas de procéder à une seconde lecture à propos du processus des réformes qu'il a rendu publiques le 15 avril dernier. Ce serait même dans l'air. Les députés du FLN, auxquels Louisa Hanoune porte la responsabilité d'avoir fait saborder les réformes politiques du chef de l'Etat, ont été qualifiés de tous les noms par la conférencière, notamment de «révisionnistes» qui perpétuent des réflexes «dignes du Moyen-Âge». Pour elle, les députés, opposés aux réformes, motivent leur position par le fait «que tout ce qui vient de l'étranger est certainement plus éclairé. Ce qui est grave !» «Le front intérieur censé immuniser le pays est fragilisé, après que les réformes du Président eurent été vidées de leur substance», a accusé la SG du PT qui cite, entre autres exemples, le refus opposé par les députés à l'article relatif à l'interdiction du nomadisme ou la transhumance politique. Louisa Hanoune a qualifié tour à tour les deux avant-projets de loi sur l'information et celui relatif à la profession d'avocat de «liberticides», jugeant par-là même les inquiétudes exprimées par les journalistes et les avocats concernant les dispositions contenues dans leurs deux avant-projets de loi respectifs de «légitimes». Dans un autre registre, la porte-parole du PT a dénoncé le «jeu trouble» de la Turquie et du Qatar qui sont en train de se distribuer de nouvelles cartes dans le monde arabe traversé, depuis plusieurs mois, par un vent révolutionnaire. Et Hanoune de s'interroger si l'Algérie demeurait à l'abri de l'appétit décidément insatiable de ces deux «supplétifs» des puissances occidentales, à leur tête les Etats-Unis. Hanoune a, en outre, estimé que la décision de suspendre la Syrie de la Ligue arabe n'était pas un drame en soi, mais que cette décision ouvrait grand la porte à l'intervention étrangère, malgré la «bonne foi» de l'Algérie et de l'Egypte qui s'y opposent catégoriquement. Hanoune tient pour responsable l'Otan quant à la prolifération massive des armes en Libye, mais aussi pour avoir incité les pays voisins de la Libye, notamment l'Algérie, à s'acheter des armes «au bénéfice de l'industrie de l'armement». Signalons que la Conférence internationale d'urgence contre les ingérences et pour la souveraineté des peuples, à l'initiative du PT et de l'UGTA, se tiendra à Alger les 10, 11 et 12 décembre, au lieu des 3, 5 et 6 du même mois, comme annoncé initialement.