Photo :S. Zoheir De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Du 13 au 17 novembre, le Centre des Conventions d'Oran a été le principal pôle d'attraction pour les jeunes porteurs de projets venus s'enquérir des modalités de lancement d'une entreprise auprès des agences du dispositif d'aide à l'emploi des jeunes, des établissements financiers et d'autres institutions activant dans le développement de la PME qui ont pris part au premier Carrefour du jeune entrepreneur.On ignore encore si les organisateurs de l'événement, menés par le ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, ont réussi à atteindre l'objectif initial d'attirer 10 000 jeunes porteurs de projets mais le CCO n'a presque pas désempli pendant les cinq jours que dura le Carrefour, des centaines de visiteurs s'empressant devant les stands.Cette manifestation qui répond notamment au souci de créer 200 000 petites et moyennes entreprises à l'horizon 2015 (objectif inscrit dans l'actuel plan quinquennal), a été inaugurée par le ministre du secteur, Mohamed Benmeradi qui, au cours d'une conférence de presse, a reconnu qu'il restait encore beaucoup à faire pour assainir le climat entourant la création d'entreprise et l'investissement. A ce propos, le ministre a assuré que le gouvernement travaillait dans ce sens, en luttant particulièrement contre toute forme de bureaucratie et de corruption. Il a également réitéré la nécessité de soutenir les PME, de les entourer et de les accompagner afin, tout à la fois, de réduire le chômage - dont il a estimé le taux à 10% - et de mettre en place un tissu de PME stables et viables dans l'espace économique national. D'où l'organisation de cette première édition du Carrefour, entendue comme un espace d'échanges entre les jeunes porteurs de projets et les organismes d'aide, de soutien et d'accompagnement à la création d'entreprises. Les différentes agences de soutien à l'emploi se sont évertuées à rassurer - sans pour autant réussir à calmer les appréhensions - les visiteurs empressés sur leur disponibilité à mettre à disposition les outils nécessaires à la concrétisation des projets. Parmi elles, l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej) qui annonce que le nombre de projets financés à Oran atteindra les 2 000 à la fin de l'année en cours. «Mais on sait que les engagements sont rarement honorés et les jeunes endurent les pires supplices avant d'arriver à leurs fins, si jamais ils y arrivent», déplore un observateur qui a eu à constater l'échec de très nombreux porteurs de projets. «Le climat malsain que le ministre a évoqué en conférence de presse n'est pas prêt de disparaître, la bureaucratie et la corruption étant encore à la base de tout dossier», ajoutera-t-il.De nombreux jeunes qui déplorent la bureaucratie et l'absence de réel soutien de l'Etat n'hésitent pas, en effet, à évoquer les enveloppes et les dessous de tables exigés pour activer l'aboutissement de leurs dossiers. «Tu dois payer pour la constitution du dossier, son acceptation, l'accélération du processus… En fait, tu dois payer à chaque étape sans être sûr que tu auras gain de cause», fait remarquer l'un de ces innombrables jeunes qui ont dû jeter le tablier avant même de l'avoir endossé.D'ailleurs, fait-on remarquer, la persistance du marché parallèle et les incertitudes qui continuent d'entourer l'économie nationale ne sont pas de nature à garantir la pérennité de l'entreprise. «On serait même tenté d'affirmer qu'elle est déjà vouée à l'échec», tranche un observateur en donnant pour exemple la faillite des 3 000 artisans d'Oran quelques années seulement après avoir commencé leur activité. Selon les responsables de la Chambre de l'artisanat et des métiers d'Oran, plus de 3 000 jeunes artisans, sur les 7 000 dûment enregistrés par la Chambre, ont, en effet, rangé leurs outils et instruments ces dernières années à cause des difficultés à faire face aux différentes charges, de l'absence de circuits de vente et du manque de matières premières. On sait d'ailleurs que, pour toutes les raisons invoquées plus haut, la moitié des projets jeunes lancés en Algérie ne réussissent pas. «Ce qui veut dire que 50% réussissent, ce qui tendrait plutôt à rassurer sur l'avenir de la création d'entreprise»¸ relève l'association des jeunes entrepreneurs d'Oran, présente au carrefour, en soulignant que la situation s'améliore d'année en année et que l'Etat déploie de gros effort pour amener les jeunes à se lancer dans leur propre aventure. «En tant qu'association d'entreprises ayant réussi grâce aux mêmes dispositifs, nous sommes disposés à apporter notre contribution en entourant les entreprises naissantes, en les orientant et même en les coachant», précise-t-on encore.A l'issue de cette première édition du Carrefour du jeune entrepreneur, une cinquantaine de porteurs de projets bénéficieront, pendant toute une année, de l'accompagnement et de l'assistance d'experts allemands.