De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Des études menées sur les 61 barrages d'une capacité totale de 7 milliards de m3 ont démontré que l'envasement menace à plus d'un titre ces ouvrages qui comptent actuellement plus de 1,3 milliard de m3 de boue. C'est ce que révèle le Dr Boualem Rémini de l'université de Blida, rencontré à Tlemcen. Ce spécialiste en hydraulique a estimé que le volume de boue déversé lors des crues au niveau des barrages algériens est de l'ordre de 55 millions de m3 par an. Il a souligné que 20 barrages sont gravement menacés par l'envasement, dont 10 envasés à plus de 60% de leur capacité initiale. Parmi les barrages sévèrement touchés par le phénomène d'envasement, on citera celui de Fergoug, envasé actuellement à 90% de sa capacité initiale. «Les eaux de ce barrage outre celui de Bouhanifia sont destinées à l'irrigation des plaines de Habra et de Mohammadia. Malheureusement, ces terres risquent d‘être délaissées faute d'eau, à cause du volume important de boue enregistré au niveau de ces deux ouvrages», a précisé notre interlocuteur. Selon ce spécialiste, deux nouveaux barrages, à savoir Mexa et Brezina, seront inefficaces entre 2030 et 2035. Des opérations d'entretien seraient souhaitables, a-t-il évalué, tout en ajoutant que le barrage de Sidi M'hamed Ben Aouda est, lui aussi, gravement menacé par l'envasement avec un taux de 42%. Ainsi donc, l'envasement des barrages en Algérie a pris de telles proportions qu'il diminue la capacité des retenues avec une espérance de vie limitée entre cinquante ans et un siècle. Face à cette situation, les pouvoirs publics doivent mener une politique rigoureuse pour entretenir ces ouvrages, a-t-on estimé tout en rappelant les efforts de l'Algérie dans ce domaine où, depuis l'indépendance à ce jour, plus de 60 millions de m3 de capacité ont été récupérées, avec plus de 50 millions de m3 de vase enlevés par la technique de dragage et 100 millions de m3 de vase évacués par les courants de densité. Le Dr Remini a, par ailleurs, soulevé le problème des inondations et crues, précisant, dans ce sillage, la dangerosité des pluies d'automne dans les pays arides et plus particulièrement les pays du Maghreb. Il a rappelé le danger de ces crues qui demeurent violentes, expliquant qu'après une longue saison sèche (5 à 6 mois), des pluies intenses et dévastatrices tombent sur un sol caractérisé par une faible couverture végétale, disséqué et ameubli. «Les crues de la saison sont la cause d'une forte ablation de la couche superficielle du sol, et par conséquent, une importante quantité de vase arrive au fond des barrages», indique-t-il, tout en rappelant les crues de Bab El Oued (novembre 2001), Oued Mzab (octobre 2008), et El Bayadh qui ont drainé des quantités énormes de boue.Parmi les solutions envisagées, ce spécialiste a mis l'accent sur la nécessité de reboiser les périmètres des bassins versants afin de freiner le ravinement. A cela devra s'ajouter le nettoyage des canaux et des oueds des herbes, obstacles et déchets, toutes ces opérations étant d'une grande importance.