De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani La ville de Annaba a été hier nettoyée et libérée de l'emprise de l'informel, qui a, ces derniers temps, atteint des proportions alarmantes, ce qui a amené certains commerçants à baisser rideau. C'est l'overdose qui a fait déborder le vase et qui menace sérieusement l'activité commerciale légale. Hier, très tôt le matin, des agents de police ont été déployés sur les artères principales de la ville, particulièrement dans les rues investies par les commerçants de l'informel pour empêcher tout étal de marchandises sur les trottoirs ou les chaussées. Ainsi, des fourgons de police ont stationné aux points stratégiques, des policiers par groupes de 3 à 4 ont occupé les lieux, et ont sommé les jeunes, déjà installés, de remballer leurs marchandises et quitter les lieux. Les rues Larbi Tébessi (ex-Bouskara), Emir Abdelkader, Jean Jaurès, Ibn Khaldoun (ex-Gambetta) et Rahbat Ezraâh, hauts lieux du commerce informel, ont été interdites aux trabendistes de tous bords. Cambistes clandestins, revendeurs de lingerie féminine, de chaussettes, de foulards, d'ustensiles de cuisine, de vêtements, de lunettes et marchands de fruits et légumes se sont volatilisés hier. Les trottoirs et les chaussées ont été, pour une fois, rendus aux piétons et aux automobilistes, heureux de circuler librement sans avoir à se frayer difficilement un passage parmi les centaines d'étals. Un squat qui a duré plus d'une année et qui étouffait toute la cité, à telle enseigne que certaines rues, situées en plein centre-ville, ont été fermées de fait à la circulation par l'étalage démesuré de marchandises, dont la provenance est plus que douteuse. C'est sur ordre du wali de Annaba que cette opération «nettoyage» a eu lieu et a été concrétisée sur le terrain. Il faut dire que Annaba, ville touristique qui était un exemple de propreté, d'ordre et de bonne gestion, a été, ces dernières années, quasi abandonnée par ceux qui président à sa destinée. Ruralisation, constructions illicites, dilapidation du portefeuille foncier, trafics de toutes sortes, amoncellements d'ordures ménagères, parkings sauvages et puis «colonisation» systématique de tous les espaces publics par le commerce informel. Cette réponse énergique à ce dernier phénomène est-elle le signe avant-coureur d'un nettoyage global qui toucherait tous les secteurs ou juste une campagne sans lendemain comme toutes les autres ? Les prochains jours nous le diront.