De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Il n'est plus aussi simple de qualifier la situation qui prévaut dans la ville de Tizi Ouzou. Les piétons sont obligés d'utiliser la chaussée tellement les vendeurs dits à la sauvette mais qui ne ressentent plus le besoin de se sauver ont squatté les trottoirs des endroits les plus fréquentés. Une situation difficile à expliquer tellement elle a été dénoncée des centaines de fois par toutes les catégories de la société, particulièrement par ceux qui en pâtissent le plus, c'est-à-dire les commerçants. Aussi, de nombreux confrères ont publié des articles pour constater le désastre qui frappe la wilaya de Tizi Ouzou du point de vue économique mais aussi environnemental et esthétique. Comment peut-on laisser la ville à la merci de l'informel quand dans tous les discours on ressasse une «volonté» d'en finir avec une activité qui a mis la ville de Tizi Ouzou et même toute la région à genoux ? Cette persistance à laisser les trabendistes squatter et enlaidir les trottoirs et parfois même la chaussée fait dire à de nombreux citoyens que cette situation est voulue et bien entretenue par les autorités, avec chacun des arguments différents, dont certains sont logiques. La rue Lamali Ahmed, longeant le CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, est la plus touchée par ce phénomène qui non seulement donne un coup mortel à l'activité commerciale légale dans la région mais aussi à l'hygiène de la cité. L'avenue Abane Ramdane, «la Grand-Rue», n'est pas épargnée par les assauts successifs de ces vendeurs proposant toutes sortes de produits à même le sol sous le regard des policiers qui y patrouillent. A croire que les autorités de wilaya ne semblent pas inquiètes devant cette situation qui met pourtant à mal l'économie locale basée essentiellement sur le commerce. A croire surtout que les autorités et les trabendistes s'amusent à jouer au chat et à la souris avec, malheureusement, une avance toujours plus croissante en faveur des tenants du commerce informel. Pourtant, les responsables sont conscients que cette situation se répercute inéluctablement sur le budget de l'Etat, particulièrement celui des collectivités locales (wilayas et communes) dans la mesure où la baisse de l'activité commerciale légale entraîne automatiquement la baisse de la taxe sur l'activité professionnelle (TAP) qui a connu, notamment depuis l'instabilité des années 2001 et 2002, une chute vertigineuse. Le plus grave dans cette situation, c'est que certains commerçants n'ont pas trouvé mieux que de se lancer dans l'informel, eux aussi, en investissant les trottoirs comme le font les vendeurs à la sauvette, lesquels sont approvisionnés par des grossistes et même des importateurs. Ces derniers mobilisent par ailleurs des jeunes dans le but d'envahir les trottoirs quand leur marchandise n'est pas sollicitée par les commerçants exerçant légalement. Les autorités sont au courant de tout cet imbroglio mais n'agissent pas de façon stricte, se contentant de lancer sporadiquement des policiers à la poursuite des trabendistes, comme c'était le cas durant le mois d'août dernier, avant que le Ramadhan arrive avec son anarchie, devenue «normale» par la force des choses. Comme du côté de la rue Chaffaï, près du quartier de M'douha, ou de la rue de la Paix qui ont déjà connu quelques semaines de calme ayant rendu les trottoirs accessibles aux piétons, du point de vue espace et hygiène. La direction de la concurrence et des prix affirme que ce n'est pas de ses prérogatives de chasser les trabendistes de la ville parce que ses services ne s'occupent que du commerce déclaré et formel au moment où les élus de la mairie disent n'avoir aucun pouvoir sur les services de police pour s'attaquer à ce fléau qui massacre le visage de la ville déjà balafré par l'état de ses rues, de ses bâtisses, de ses trottoirs et de ses chantiers qui n'en finissent pas. Il est clair que la wilaya, qui dispose des moyens et du pouvoir politique nécessaires, est la seule autorité qui puisse stopper ce désastre. Il est temps de bouger un peu avant qu'il ne soit trop tard pour cette région qui n'a que trop souffert de cette situation.