La Place Tahrir au Caire réclame toujours le départ du pouvoir militaire. Après plusieurs jours marqués par de violents affrontements au Caire et dans d'autres villes du pays, qui ont fait officiellement 41 morts et plus de 3 000 blessés, la situation en Egypte reste précaire et ouverte à tous les scenarios. A trois jours du début des premières législatives de l'après-Moubarak, maintenues à la date prévue malgré l'exacerbation de la crise, le pays semble comme suspendu. La situation qui prévaut en Egypte, pays au poids notable dans le monde arabe, semble angoisser fortement les capitales occidentales. La Maison Blanche a plaidé pour un «transfert complet de pouvoir à un gouvernement civil» et un retour «dès que possible» à une gouvernance civile en Egypte. L'Union européenne, de son coté, a condamné la violence des forces de l'ordre égyptiennes et a appelé l'armée à un «transfert rapide» du pouvoir à une autorité civile. L'armée a nommé au poste de Premier ministre Kamal Al-Ganzouri, un ancien chef de gouvernement qui remplace de fait Essam Charaf, démissionnaire avec son gouvernement. El Ganzouri sera ainsi d'emblée confronté à la plus grave crise que traverse le pays depuis la chute de Moubarak et surtout à quelques jours du début de législatives décisives pour la suite du processus de transition politique. Al-Ganzouri a affirmé, sitôt nommé, que le nouveau gouvernement ne serait pas annoncé avant le début des élections législatives ce lundi. Il a par ailleurs affirmé que le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées, au centre da la contestation, ne voulait pas rester au pouvoir. Les contestataires ont par ailleurs reçu le soutien de la prestigieuse institution d'Al Azhar et de l'opposant Mohamed El Baradai, candidat déclaré à la présidence. El Baradai, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique et prix Nobel de la paix en 2005, s'est joint à la foule à la place Tahrir. Le grand imam de l'institution théologique Al-Azhar, cheikh Ahmed el-Tayyeb, a déclaré qu'il «soutient et prie pour la victoire» des contestataires. C'est la première fois depuis de nombreuses années qu'Al-Azhar adopte des positions aussi opposées au pouvoir. L'armée écarte toujours l'éventualité d'un départ immédiat du pouvoir, des hauts gradés assurant que cela reviendrait à «trahir le peuple». L'armée a annoncé des élections présidentielles avant fin juin 2012, s'engageant à remettre le pouvoir exécutif à un chef d'Etat élu. Mais sans pouvoir désamorcer la crise. En plus du transfert total du pouvoir vers les civiles, les manifestants d'Al Tahrir exigent la poursuite des responsables de la mort de 41 personnes décédées, dont 36 au Caire. M. B.