Les cancers se guérissent de mieux en mieux et les chances de survie sont de plus en plus importantes. Plus le cancer est détecté tôt, mieux il est pris en charge. C'est le cas du cancer du sein, premier cancer qui concerne les femmes et dont on dénombre chaque année entre 5 000 et 7 000 nouveaux cas en Algérie. Parce que le dépistage permet de traiter le cancer du sein à temps et de réduire le taux de mortalité, l'association de solidarité avec les personnes atteintes de cancer, Nour Doha, incite, à l'occasion du mois mondial de la lutte contre le cancer du sein, les femmes à partir de 45 ans à se faire examiner régulièrement. Hier, la présidente de Nour Doha, Samia Gasmi, et le professeur Dilem, président du conseil scientifique de l'association, ont ardemment appelé, lors d'une conférence de presse tenue à la maison de la presse du 1er Mai, à la mobilisation pour contrecarrer cette maladie et lancé un appel pressant pour encourager son dépistage précoce. L'occasion est on ne peut plus propice, en ce mois d'octobre, mois mondial du cancer du sein, et qui voit se multiplier les actions d'information sur ce fléau ravageur. Selon la présidente de Nour Doha, «ce mois sera dédié à la sensibilisation des femmes, car le dépistage demeure la meilleure prévention de cette maladie». «Alors qu'en France, le cancer du sein touche les femmes de 55 ans en moyenne, cette maladie concerne chez nous les femmes à partir de 45-46 ans», dira le professeur Dilem. Il dira que les statistiques restent peu fiables, car on ne dispose pas encore de registre de cancer : «Nous avons ce qu'on appelle le vagabondage des malades, par exemple un patient inscrit à Djelfa viendra à Alger pour se faire soigner. Il y a aussi les malades qu'on traite et qu'on perd de vue…» Face à l'absence de structures spécialisées, des malades issus des quatre coins du pays affluent vers Alger, le CPMC se retrouve ainsi débordé et le personnel dépassé. C'est dire le calvaire que vivent les malades cancéreux. S'agissant du cancer du sein, le professeur Dilem dira qu'il y a 10 à 20 ans, il se plaçait en 2ème position après celui du col de l'utérus alors qu'aujourd'hui il a grimpé à la 1re place. Et pour cause, la contraception (au-delà de dix ans), l'abandon d'allaitement, le cholestérol, l'obésité … sont autant de facteurs incriminés. L'adoption d'un mode de vie sain, notamment grâce à une alimentation privilégiant les fruits et légumes et l'exercice, est assurément recommandée par les spécialistes pour prévenir contre les cancers. En dépit de l'évolution de la maladie, le professeur Dilem reconnaît que globalement les femmes atteintes de cancer du sein sont mieux prises en charge dans notre pays. Il fera part des avancées réalisées en matière de traitement et de prise en charge, citant à ce propos le travail d'un éminent spécialiste, en l'occurrence le professeur Bendib, qui lutte de manière acharnée depuis des années contre cette maladie. Evoquant les lacunes en matière de prise en charge, Mme Gasmi abordera le problème de mammographes en panne, c'est le cas de celui d'Oran notamment. D'autres préoccupations sont soulevées comme l'accès à la radiothérapie. Par ailleurs, Mme Gasmi a insisté sur l'intérêt du dépistage précoce, elle a souhaité la mise en vigueur prochaine des instructions du président Bouteflika et des mesures annoncées par le ministère du Travail concernant le dépistage gratuit et obligatoire du cancer du sein pour les femmes affiliées à la CNAS. «La caisse des assurés sociaux compte créer d'ici à 2009 des annexes pour le dépistage gratuit et obligatoire des femmes», a-t-elle indiqué. Elle a par ailleurs appelé les entreprises à mettre en place des mammographes au profit de leurs employées pour permettre de dépister la maladie à un stade précoce. Une initiative qui a, rappelle-t-elle, déjà été prise par la Sonatrach et qui gagnerait à être élargie. A. B.