Le Pr. Hanifi, président du COA, a répondu à des questions posées par les journalistes de Canal+ réalisant un reportage sur la concomitance de handicaps physiques constatés chez des enfants de footballeurs des sélections nationales des années 1980, conséquences selon les joueurs concernés d'absorption de certaines substances administrées, selon les propos de l'un d'eux, «pour besoin de récupération physique.» Bien entendu, la proximité d'âge des joueurs et surtout l'échantillon très réduit du nombre concerné dans un espace temporel et spatial ne peuvent que prêter à confusion, voire à suspicion dans un pays où l'on a pris l'habitude de galvauder les statistiques, notamment lorsqu'il s'agit de pathologies encombrantes. Il faudra, par ailleurs, se poser la question sur l'étrange mutisme des officiels jusqu'à seulement ce reportage de la chaîne française devant laquelle toutes les portes se sont ouvertes et surtout les langues se sont déliées. Au cours de l'enquête de Nazim Bessol, les joueurs n'ont pas tari de propos, ce qui est légitime pour des parents vivant douloureusement le handicap de leur progéniture, sur possibilité d'avoir ingurgité, à leur insu, des substances dont ils ne s'expliquaient pas la raison à l'époque, mais que l'explication scientifique de l'assistant médical de Guenadi Rogov expliquait scientifiquement de la manière la plus terre à terre possible. A ce sujet, Kaci Saïd ira jusqu'à avouer non sans naïveté qu'il était «prêt à avaler un caillou pour peu que le médecin le demande». Il y a quand même lieu de souligner qu'à aucun moment ni Menad, ni Kaci Saïd, ni ChaÏb encore moins Tlemçani n'ont mis en cause le staff de l'équipe nationale et plus particulièrement celui médical. Sauf qu'ils ne pouvaient que s'interroger à haute voix sur un phénomène qui ne pouvait plus l'être. Djamel veut comprendre et appelle «à situer les responsabilités» au moment où Kaci Saïd ne «remet en aucun cas les performances» des héros de Gijon tout en affichant sa perplexité face à un handicap qui frappe presque dans une même tranche de vie des footballeurs parmi un noyau réduit qu'est la sélection nationale. Dans le reportage, la voix «off» forcément met en cause le choix algérien de confier le développement de son football à deux pays de l'Est en l'occurrence la Yougoslavie et l'Union soviétique, «compte tenu de la longueur d'avance prise», dira un intervenant, la suggestion de pays réputés spécialisés dans le dopage, à tort pour la simple raison qu'en cette période les techniques de dépistage étaient au stade embryonnaire ou à raison parce que par la suite bien des champions ont soit avoué avoir été dopés, soit leurs performances paraissant invraisemblables ont été conduits à revoir ou à refaire les analyses des échantillons prélevés et conservés pour certains, est décelable dans de tels propos. «Il ne peut être affirmé péremptoirement que c'est le dopage qui est responsable de ces handicaps mais le doute est maximal. Dans le passé dopage et malformations d'enfants nés par la suite… ça existe». Le commentateur du reportage ne s'explique pas l'omerta officielle en citant la Fédération algérienne de football et le ministère de la Jeunesse et des Sports tout en donnant la parole au président du Comité national olympique lequel dira en substance : «Lorsque nous avons une dizaine de joueurs ayant évolué dans la même équipe et le même staff et qui connaissent le même problème… on ne peut que se poser la question.» Saïd Amara, dont nul n'ignore la spontanéité dans le verbe, considère : «Si on trouve que cette faille a existé, qu'on sanctionne la personne mais si d'autres ont des arrière-pensées pour se faire passer pour des victimes, ils termineront en… prison (sic) pour vouloir prouver ce qui n'a pas existé parce que c'est souiller un petit peu toute la dignité des Algériens.» Concluons enfin sur la conviction de Djamel Menad pour qui «quelque part, il existe une justice divine… ça c'est un don de Dieu, et on ne peut que faire avec… » Quoi qu'il en soit voilà un dossier qui mériterait d'être pris au sérieux et surtout pas dans la précipitation compte tenu de la dimension tragique qu'il recèle. Il ne saurait être question pour les pouvoirs publics de tomber dans l'amnésie générale quant à n'importe quelle occasion (les archives du football national), notamment la rencontre «RFA-Algérie » est retirée de la naphtaline pour flatter l'orgueil national. A. L.