Depuis quelques jours, les médias étrangers se sont emparés du débat local lié aux accusations de dopage dont auraient fait l'objet certains de nos internationaux de football au cours des années 1980. Le pavé dans la mare lancé par certains d'entre eux, dont la progéniture souffre de déficiences physiques partiellement ou totalement handicapantes, a fait le tour du monde, jetant l'opprobre sur la période dorée du football algérien. Des écrits anglais, français et allemands n'ont pas manqué l'occasion de semer le discrédit sur les grandes performances de notre ancienne dream team, allant jusqu'à masquer d'un peu de brouillard notre victoire en Coupe du monde sur la Manshaft. Légitimement, ces footballeurs talentueux, comme Chaïb Mohamed, Djamel Menad ou encore Kaci Saïd Mohamed pour ne citer qu'eux, qui vivent dans leur chair les handicaps de leurs enfants, ont tous les droits de chercher et de demander la vérité (même s'ils le font sur le tard) et vouloir situer les responsabilités à quelque niveau que ce soit. Il est prouvé scientifiquement que certains produits dopants concentrés, qui poussent à un moment déterminé à la performance, peuvent avoir des effets désastreux sur la progéniture. Mais au train où sont allées les choses (près d'un quart de siècle nous sépare des événements incriminés), il sera difficile de prouver que cette forfaiture réprouvée par la morale sportive ait eu lieu. Si la dizaine d'anciens internationaux, qui ne croient plus que c'est là le fait d'un dérèglement génétique intrinsèque, sont montés à ce point au créneau pour appeler les autorités à se déterminer, c'est que le poids pesant des vicissitudes pénalise grandement la prise en charge décente de leurs enfants handicapés. Quoi de plus naturel, que des pères de famille désespérés, ne parvenant plus à assurer le minimum à leurs enfants handicapés, soient poussés à demander à l'Etat de prendre ses responsabilités. Or, il est rentré dans les mœurs de ce même Etat de se désintéresser des doléances de ses citoyens et même de leur afficher un mépris de tous les instants. Combien de commissions d'enquête souhaitées et sollicitées à cor et à cri n'ont jamais vu le jour ? Quoi de plus normal que l'ouverture d'une information judiciaire vienne compenser la véritable omerta dans laquelle se sont drapées nos instances, particulièrement le ministère de la Jeunesse et des Sports, au moment où nos mœurs sportives sont mises à mal à l'étranger et peut-être dans peu de temps par nos voisins maghrébins. Chacun sait qu'au lendemain de l'avènement de la réforme sportive en 1977, sous l'impulsion du défunt président Houari Boumediène, la coopération en la matière a été dense avec les pays de l'Est, dont on a à l'esprit les extraordinaires hauts faits sportifs menés à la gloire du socialisme triomphant vite atténuée par de forts soupçons de dopage aujourd'hui, dans certains cas spécifiques avérés. C'est un peu à cause de cette mauvaise réputation du bloc de l'Est que l'opinion publique nationale, fortement troublée, est partagée sur l'histoire qui nous concerne. Et c'est pour empêcher que d'autres hautes performances dans d'autres disciplines soient demain souillées qu'il incombe aux autorités de faire la lumière sur ce que l'on peut apparenter à un problème de conscience. Il y va de l'honneur du sport algérien !