Même quand ils viennent à être disponibles, les médicaments pour cancéreux ne le sont pas au bon moment et là où l'on en a le plus besoin. C'est un éminent oncologue, le Pr Kamel Bouzid, qui tire la sonnette d'alarme en signalant les effets dramatiques de ces pénuries récurrentes : pour le cancer du sein, par exemple, l'ablation s'avère l'unique alternative. «Pratiquement, ce sont toutes les semaines qu'on constate une rupture de un, deux, voire trois médicaments qui sont importants pour la prise en charge des patients», déplore le professeur Kamel Bouzid, invité ce matin de la rédaction de la Chaîne III. Selon le chef de service oncologie médicale du Centre anticancéreux Pierre-et-Marie-Curie (Cpmc) ces ruptures de stocks ont des conséquences hautement préjudiciables sur le suivi du traitement thérapeutique du malade. Parmi les malades qui sont durement affectés par ces pénuries, on peut citer le cas des femmes atteintes du cancer du sein. Ces dernières, au nombre de 288, doivent faire l'objet d'un suivi permanent à travers l'administration régulière des médicaments qui leur sont prescrits. Faute de quoi, et en cas de pénurie par exemple, elles risquent tout simplement l'ablation. Bien qu'elles soient sur la liste nominative depuis 6 mois, ces patientes sont toujours en attente de leurs médicaments. Sachant aussi que le traitement thérapeutique de cette catégorie de cancer associe au moins trois drogues, «on ne peut faire le traitement avec deux médicaments et dire au malade que le troisième est manquant», souligne M. Bouzid qui insiste :«Il faut impérativement associer les trois médicaments.» Il relèvera un certain nombre d'anomalies relatives à des «dysfonctionnements» de la chaîne de distribution. Le cas le plus édifiant reste celui de la morphine qui n'est produite que dans deux officines situées toutes les deux à Alger. Une anomalie de trop à mettre, selon M. Bouzid, sur le dos d'une législation désuète de …1916. Cela n'arrange guère les malades des autres agglomérations situées en dehors de la capitale. Il regrette que l'on n'ait pu avoir les médicaments nécessaires «ni au bon moment encore moins au bon endroit depuis plusieurs années». Le ministère de la Santé ne devrait pas rester sourd aux doléances des cancéreux d'autant que le Cpmc l'a informé des anomalies relevées. «Toutefois, nous n'avons toujours pas reçu de réponse», note M. Bouzid.