De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Les critères décidant de l'octroi des budgets et autres subventions au secteur culturel mériteraient-ils une autre réflexion pour assurer un impact de la culture et chasser l'exclusion ? A priori oui. On ne sponsorise pas tout ce qui s'affiche d'emblée. Du moins, le plus gros du financement des activités culturelles obéit-il à une stricte réglementation. Voire à un calibrage dans les initiatives permettant d'actionner le starter des budgets ou d'ajourner tout sèchement toute offre hors orbite des agendas officiels. La tutelle locale est assez gâtée en matière de subventions .Mais celles-ci ne profiteront qu'aux manifestations placées sous «la surveillance» du ministère de la Culture. Autrement dit, des manifestations institutionnalisées dont le nombre s'est accru ces dernières années. Malouf, jazz, poésie féminine, Inchad,…D'aucuns parmi les responsables de la Culture- avec toute son étendue- estiment que les caisses sont bien garnies .Un grand renouveau a soufflé sur les moyens accordés au secteur pour la promotion et la socialisation des actions culturelles et artistiques. La direction de la Culture ou le théâtre régional profitent amplement de cette manne providentielle. Néanmoins, un déséquilibre flagrant frappe son dispatching. Car, à chaque fois, les associations rompues à des évènements improvisés sont recalées faute d'une grille adéquate ; c'est-à-dire, qui ne caresse pas dans le sens du poil avec les intentions voulues par les manifestations sponsorisées. Alors que d'autres essais pourtant sans impact ressenti, mais s'insérant dans la lignée adoptée profitent des aides. Et à chaque fois, les acteurs de la culture réclament un contrat avec programme adéquat pour un éventuel budget. «On se plie à la réglementation en vigueur. Si un tel projet répond aux aspirations manifestées il est assisté et suivi dans sa démarche», soutient le directeur de la Culture de wilaya. Il en ressort que la culture reste bloquée. Car peu de mécènes actifs adoptent cette exigence, de crainte de banaliser leurs grilles et d'émousser l'impact qui est recherché à travers les manifestations. Certes, il n'y a pas bousculade au portillon de la direction de la Culture pour proposer des projets requérant une attention particulière. Ce sont les mêmes desseins qui s'affichent. Que des associations de malouf jusqu'au trop plein ! Pourtant, excepté la préservation et la sortie des «collections de disc compact» relatif à cette musique, aucun renouveau n'est venu honorer «l'Andalousie locale». A chaque manifestation d'envergure, les mêmes figures exhument les mêmes chansons pour les offrir aux délégations. Une simple contribution artistique sans recherche ni support additionnel enrichi de nouvelles perspectives. Identique pour les arts et métiers de la ville du rocher. Les artisans sont aussi sollicités une fois par an pour confectionner du beau cuivre et l'offrir aux invités en visite à Constantine. Eternel cliché ! Ces actions restent loin de la promotion à large spectre, se cantonnant toujours dans l'officiel qui ne joue pas un grand rôle dans la transmission. Ce qui va à l'encontre des aspirations des concepteurs, responsables de la culture. Cependant, on estimera du côté de quelques associations novices que la couleur est annoncée : «On connaît parfaitement la réponse des responsables. Donc, mieux vaut se débrouiller en solo pour sponsoriser notre produit», estiment la plupart des jeunes versés dans l'animation. Sur un autre registre, il est utile de clarifier les contours des budgets alloués. Une disparité les caractérise. Quelle démarche technique adopte-t-on pour décider si tel évènement ou telle initiative détiennent des atouts majeurs pour drainer la foule ? Ou a fortiori, mériteraient- ils d'être subventionnés ? Excepté le faux fuyant contrat programme, on est resté sans réponse à cette question lancinante. C'est un coup de poker financier avec de faibles chances de ratisser gros en matière d'impact et de diffusion. En plus des aides octroyées selon les critères déjà mentionnés, les deux assemblées locales (APW et APC) pensent à leur manière les activités organisées à l'échelle locale. S'agissant de la relance du tourisme culturel, moult fois réitérée par les responsables en différentes occasions solennelles, les choses ne semblent pas avoir bougé d'un iota. Malgré toutes les richesses que recèle la capitale de l'est. «C'est un atout qui requiert une feuille de route appropriée pour vendre et valoriser le produit culturel local» ne cessent de clamer des forces influentes à Constantine. Mais leur cri n'est pas pris en compte. «On ne veut pas collaborer avec les acteurs potentiels dont la vision dépasse la banalité protocolaire», s'indigne un artiste. Une grande région de par son étendue culturelle reste coincée entre un malouf, un plateau de cuivre et...quelques échappées artistiques discrètes. Il est impératif de revoir la copie des actions culturelles et de dissiper surtout le satisfecit intervenant à chaque terme de l'événementiel pour tenter de «couvrir» les dépenses allouées.