Photo : Nacer Hannachi De notre correspondant à Constantine Nacer Hannachi Le Festival international du malouf a consommé «sa dernière nouba» avec la clôture de la manifestation, jeudi dernier au théâtre régional de Constantine. La salle du théâtre affichait complet, comme à l'ouverture de cet événement qui en est à sa 4ème édition. Ainsi, six soirées durant, la capitale du malouf aura offert aux mélomanes des sons mixés venus de divers horizons du Maghreb et de pays du Bassin méditerranéen dont l'Espagne. L'apothéose sera l'œuvre originale fusionnée majestueusement par le maestro de l'orchestre national, Guerbass, qui illustre les trois écoles algériennes, El Gwernatia de Tlemcen, la Sanaa, d'Alger et le malouf de Constantine. Aussi méticuleux sur scène que sur la portée, le chef d'orchestre s'adonnera à une présentation de l'œuvre avec des extraits sommaires avant de se lancer, lui et ses musiciens, choisis parmi les trois orchestres pilotes régionaux, dans une exploration exceptionnelle qui charmera l'assistance. «Notre objectif tracé depuis le consentement du ministère de la Culture à créer cet orchestre est de préserver les styles propre à chaque région. Cela s'est concrétisé juste après la participation culturelle de l'année de l'Algérie en France», dira M. Guerbass.Veillant au moindre détail sur scène, le maestro conviait même l'assistance à éteindre le téléphone portable pour mieux se concentrer. «C'est une nouba sika dans laquelle vous allez entendre des compositions qui me sont propres», précisera-t-il. Le compositeur a voulu, en fait, sortir du classique que l'on connaît à cette musique «andalouse». Cela était perceptible lors des phases de transition entre chaque style d'école régionale. Nous avons ainsi pu apprécier de petites échappées à l'unisson et atténuées par des decrescendo purement classiques. C'était une pure merveille que le public applaudira. Les essais instrumentaux des solistes violon, mandoline, luth arabe auront ressorti la maestria instrumentale à cet orchestre pour orner les voix féminines au premier et second rang de l'orchestre. Encore une fois, on retiendra de ce rendez-vous, intitulé malouf, une légère fausse note d'appellation qui demeure en quête de révision pour pouvoir élargir le registre musical sinon versé dans une éventuelle monotonie. «On a demandé plusieurs fois au ministère d'opter pour une autre appellation, à titre d'exemple, le malouf et ses origines…et ce, pour éviter une sorte de redondance», devait révéler un membre du commissariat du festival.Par ailleurs, exceptés les groupes adeptes ou plus ou moins excellant dans cette musique, à l'image de la Tunisie et de la Libye qui renferment chacune leur propre école du genre, les Marocains estiment que leur musique n'est pas similaire à celle jouée à Constantine. Un fait qui devra davantage inciter les organisateurs à songer à un renouveau. Autrement dit, explorer la musique arabo-andalouse à fond ou demeurer fidèle au malouf, et dans ce cas, chaque année, accepter que les mêmes écoles puristes internationales susmentionnées tournent en boucle. La présente édition a été forte en créativité et imagination. On ne doit pas occulter non plus le travail de la troupe signé Omar Metioui, l'orchestre régional de Constantine, qui cette année, a élargi sa composante en intégrant des musiciens extra-muros et aussi en s'intéressant au travail des associations locales composées de jeunes artistes, dont l'innocence musicale interpelle d'autres efforts. La direction de la culture qui assure le commissariat du festival donnera rendez-vous l'année prochaine. Pour peu que la monotonie ne reprenne pas le dessus et replonge Constantine dans le désert …après la clôture du festival.