De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Un émissaire dépêché expressément par la direction politique du FLN sera aujourd'hui à Annaba pour essayer de réconcilier les frères ennemis dont le conflit dure depuis plus d'une année, menaçant sérieusement la vieille formation dans cette importante région du pays. Le sénateur Assès Rachid, membre du comité central, est chargé d'une mission qualifiée d'impossible au vu de la détermination des parties en conflit dont chacune veut le leadership de la mouhafadha pour présider aux destinées du FLN dans cette ville. Il faut dire que les frondeurs, qui avaient par le passé occupé le siège de cette dernière instance du parti pendant plus de 9 mois, ne sont pas près de lâcher du lest, et veulent coûte que coûte en finir avec le sénateur mouhafadh, Mohamed Salah Zitouni, accusé d'être à l'origine des dissensions par le fait de ses agissements et comportements en contradiction avec les règlements et statuts du parti. Selon nos sources, l'émissaire de Belkhadem compte organiser une assemblée générale réunissant tous les cadres et militants du parti à Annaba, pour débattre de ces problèmes et essayer de trouver un terrain d'entente, de façon à réconcilier les parties en conflit. Selon M. Mohamed Chérif Bendjedid, chef de file des frondeurs, il n'est pas question d'organiser pareille assemblée parce que ce serait prendre le risque de voir la situation dégénérer encore plus et des affrontements pourraient avoir lieu. «Nous, nous maintenons notre cap, nous restons dans la légalité, nous avons installé une commission de coordination de wilaya pour gérer les affaires du parti et maintenir le contact avec nos militants. Nous demandons seulement que le mouhafadh, qui est maintenu contre et vents et marées malgré son rejet par les militants, soit démis de ses fonctions pour que le parti puisse retrouver sa stabilité d'avant et préparer dans la sérénité les prochaines échéances électorales. Autrement, la situation va se dégrader encore plus, le parti se désagrégera, ses rangs seront désertés, les militants rejoindront d'autres formations et il n'en demeurera que des structures vides. C'est un scénario catastrophe, mais il est très possible que cela arrive puisque rien n'a été fait pour régler le conflit.»Hier, un communiqué émanant de la commission de wilaya du FLN est venu confirmer encore les déclarations du chef des frondeurs, pour rappeler à la direction politique la situation qui prévaut et qui menace, en termes à peine voilés, de recourir à d'autres formes d'actions pour éjecter le sénateur mouhafadh. Le document, qui insiste sur le fait que les frondeurs n'ont rien contre la direction politique du parti, appelle celle-ci à intervenir en urgence pour régler ce problème qui perdure et qui menace les fondements mêmes de cette formation par le fait d'une gestion unilatérale et empreinte de népotisme des affaires de la mouhafadha que les militants ne reconnaissent plus comme instance. «C'est le onzième communiqué que nous diffusons et que nous adressons à la direction politique du parti dans l'espoir de voir enfin ce conflit réglé. Cet émissaire de la dernière chance pourrait le faire pour peu qu'il nous entende. Nous avons des preuves de la mauvaise gestion des affaires du parti à Annaba et nous les présenterons ; à titre d'exemple, je vous cite le cas des présidents d'APC FLN : parmi ces derniers, 4 ne sont plus à leurs postes, 2 croupissent en prison pour flagrant délit de corruption ou malversations et 2 ont démissionné pour incompétence. C'est dire le mauvais choix fait par ce mouhafadh en les présentant comme tête de liste. Cela nuit à la réputation du parti et dissuade les électeurs de voter pour le FLN ; c'est un sérieux préjudice, du fait que la confiance s'en trouve altérée et donc la crédibilité du FLN entamée», conclut le chef de file des frondeurs.