En réaction à un éditorial intitulé «Diplomatie gentille, plate et lisse» (La Tribune du 10/12/2011), le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a réagi avec une exquise courtoisie et un sens certain du débat bienséant. Dans le commentaire de La Tribune, un seul point a suscité de sa part une objection. Au sujet du transfert, controversé en France, des cendres du général Marcel Bigeard à l'Hôtel parisien des Invalides. M. Amar Belani souligne qu'il n'y avait pas lieu de publier à ce propos une réaction officielle d'indignation. Dans la mesure où les autorités françaises auraient assuré les pouvoirs publics algériens que le «projet» n'était pas à l'ordre du jour et n'est pas inscrit sur l'agenda du gouvernement français. Comme on dit en droit, pas d'intérêt, pas d'action. En même temps, le porte-parole précise, ce qui est de bon aloi, que notre diplomatie reste vigilante face aux professionnels de la nostalgérie française. Cette obligation de vigilance n'est pas pour autant antinomique avec un autre devoir de veille vigilante. Celui de ne pas perdre de vue que la décision de transfert des cendres du général Bigeard a bel et bien été prise par le ministre de la Défense français, Gérard Longuet. Décision arrêtée après le refus des autorités vietnamiennes d'accéder à l'ultime souhait du général Bigeard de procéder à l'épandage de ses cendres sur le théâtre de la célèbre bataille de Diên Biên Phu. En accord avec sa famille, M. Gérard Longuet a décidé donc de transférer les cendres aux Invalides, haut lieu de la mémoire et de la gloire militaire française. Il suffit, pour que la diplomatie algérienne s'en convainque encore, de savoir qu'une pétition, cosignée déja par 43 députés de l'UMP et six généraux à la retraite de l'armée française, dont certains ont servi sous les ordres du général, circule depuis cinq jours en France. Elle a été rédigée en réaction à une pétition de personnalités et d'intellectuels français, profondément indignés par le «projet» de transfert des cendres aux Invalides. Acte de glorification singulière d'un officier emblématique, mais qui a sombré en fin de carrière militaire dans l'indignité de la torture pendant la Guerre d'Algérie. Que les autorités françaises aient affirmé aux pouvoirs publics algériens que le transfert des cendres n'est programmé nulle part dans l'agenda politique, c'est de bonne guerre et ça ne mange pas de pain. Le devoir de vigilance algérien consiste en revanche à ne pas prendre pour un euro comptant des allégations qui n'engagent après tout que ceux qui veulent bien y croire. La lecture du commentaire de M. Belani, certes empreint de courtoisie républicaine, fait penser finalement que la diplomatie algérienne n'a pas le droit d'être naïve, dans le sens bien algérien de «niya». La jobarderie n'est ni une vertu républicaine ni une qualité diplomatique. Remarque républicaine faite avec des salutations fraternelles et compatriotiques. N. K.