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Les bulldozers arrivent au cœur de l'Amazonie
Manifestation contre la construction d'un barrage à Belo Monte
Publié dans La Tribune le 13 - 12 - 2011

Belo Monte. C'est le nom de la grande polémique environnementale qui agite en ce moment l'Amazonie brésilienne. Après plus de trente-cinq ans de tergiversations et de débats sur la viabilité et les conséquences sociales et écologiques du projet, la construction d'une nouvelle centrale hydroélectrique a commencé en juin dernier sur la rivière Xingu [longtemps suspendu pour inconstitutionnalité, le projet a été autorisé le 2 juin dernier par l'Institut brésilien de l'environnement (Ibama)]. Une fois achevé, ce barrage sera le troisième plus grand au monde, derrière celui des Trois-Gorges en Chine et celui d'Itaipu (construit dans les années 1970 par le Brésil et le Paraguay, sur le fleuve Paraná). Situé dans le nord de l'Etat de Pará, au cœur de l'Amazonie, ce projet est aussi ambitieux que le canal de Panamá. Plusieurs ethnies indigènes sont menacées, ainsi que quelques localités qui, depuis leur création, il y a plus d'un siècle, vivaient dans une paisible précarité. De leur côté, le gouvernement brésilien et Norte Energia, le consortium chargé de la construction et de l'exploitation du barrage, assurent que Belo Monte contribuera à pallier les déficiences énergétiques du Brésil et apportera le développement économique dans cette région peu dynamique. En face, des organisations de défense de l'environnement et des groupes indigènes, forts d'une récente condamnation du projet par la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH), continuent de lutter pour que le chantier soit suspendu.
Un raz-de-marée d'ouvriers
C'est à Altamira que se concentrent la plupart des organisations qui s'opposent à la construction de Belo Monte. Depuis l'arrivée des premières livraisons de machinerie lourde, la ville grouille de militants qui, sous la houlette du mouvement Xingu vivo [Pour un Xingu vivant], mènent un combat quotidien pour obtenir l'interruption du projet. Les premiers effets des travaux, qui ont commencé à la fin de juin, sont déjà perceptibles dans les rues d'Altamira : la circulation automobile est infernale, trouver une chambre dans l'un des rares hôtels est devenu mission impossible et les prix de l'alimentation ont augmenté de façon vertigineuse. Les professionnels de tous bords affluent sans cesse et on s'attend à un raz-de-marée d'ouvriers attirés par les perspectives d'emploi. On estime que la population d'Altamira, qui avoisine 100 000 habitants, sera multipliée par deux au pic des travaux. Pour l'instant, on ne perçoit qu'un léger accroissement démographique et une croissance plutôt désordonnée de l'économie locale. Mais le gouvernement de Brasília et de Norte Energia annoncent l'amélioration des infrastructures, de l'assainissement, de l'enseignement, de la santé publique et, d'une manière générale, de la qualité de vie à Altamira et dans ses alentours. “Tout le monde s'imagine que l'Amazonie est une sorte de paradis naturel, mais comme on le constate à Altamira, la réalité est tout autre”, affirme João Pimentel, le directeur des relations institutionnelles de Norte Energia. “Cette ville a énormément de problèmes. Notre objectif est de créer des emplois pour la population locale et d'apporter des améliorations dans tous les domaines.” L'un des territoires indiens qui sera touché par Belo Monte est habité par l'ethnie juruna. Dans la localité indigène de Boa Vista, au kilomètre 17 de l'une des routes d'accès à Altamira, quelques habitations en bois sont disséminées autour de la maloca (maison communale). Bien qu'ils ne soient pas très nombreux, les habitants de cette communauté juruna sont de farouches opposants à la construction du barrage car, selon eux, leurs terres finiront inondées et ils seront obligés de trouver un autre endroit où vivre. “Nos droits sont constamment bafoués”, explique Sheyla Jakarepi Juruna, la chef du village. “On ne nous consulte pas avant le lancement d'un projet de cette ampleur. Jusqu'à présent, les objections des indigènes n'ont pas été écoutées.” D'autres dirigeants indiens d'Amazonie partagent l'opinion de Sheyla, et notamment Raoni, le populaire et médiatique chef du peuple indigène kayapo. Depuis un an, il s'évertue à prévenir qu'il y aura un bain de sang si le chantier de Belo Monte se poursuit, car les tribus arara, araweté, xikrin, asurini, parakanã et juruna qui peuplent la région sont prêtes à partir en guerre pour défendre leurs terres. Norte Energia minimise l'ampleur de l'opposition indigène, estimant à 2 200 le nombre d'Indiens qui vivent dans la zone concernée par les travaux. “Nous pouvons garantir que ces populations ne seront pas touchées. Aucun territoire indigène ne sera inondé et les communautés ne seront pas déplacées. Au contraire, ces personnes vont profiter de nos programmes d'améliorations. Nous avons, par exemple, investi 36 millions de reals (plus de 15 millions d'euros) sur les six prochaines années, pour lutter contre le paludisme. Le reste n'est que tromperie et mensonge”, assure João Pimentel. Norte Energia admet cependant que la construction du
barrage va compliquer la situation dans plusieurs quartiers d'Altamira déjà inondés pendant la saison des pluies et lors des crues du Xingu. Il s'agit, pour certains, de groupements de cabanes et d'abris sur pilotis insalubres où s'entassent des milliers de personnes. Selon les ONG qui s'opposent à la construction du barrage, ces familles seront contraintes d'abandonner leurs maisons et de s'installer sur d'autres terres, notamment sur les territoires indigènes, aggravant le conflit agraire qui tourmente la région amazonienne du Pará depuis des décennies. Norte Energia rétorque que les compensations prévues pour la population locale comprennent le relogement de plus de 5 000 familles qui vivent aujourd'hui en zone inondable : “Nous allons leur donner des logements dignes de ce nom”, garantit João Pimentel. L'une des autres grandes questions que pose le projet concerne un tronçon d'une centaine de kilomètres du Xingu, dans une région appelée la Volta Grande. Selon plusieurs études d'impact menées dans le bassin hydrographique, ce segment verra son débit diminuer brutalement au cours des mois de sècheresse estivale. La pêche et la navigation- des activités au cœur du modèle de subsistance des communautés indiennes de la région - y deviendraient impossibles.
Rentabilité économique
Et il y a une troisième objection de taille à la construction de la centrale hydroélectrique : sa rentabilité économique. Pour Renata Pinheiro, du mouvement Xingu Vivo, “cette centrale est évaluée à 30 milliards de reals (plus de 13 milliards d'euros) qui vont devoir sortir de la poche du contribuable. Or Belo Monte ne fonctionnera qu'à 39 % de sa capacité à cause des caractéristiques du Xingu, dont le volume est environ 30 fois moins important en été qu'en hiver. En été, les turbines seront pratiquement à l'arrêt.” Selon plusieurs analyses techniques, cette centrale hydroélectrique, pour être rentable, devra être aidée par d'autres barrages installés à d'autres niveaux du Xingu. Conclusion : les écologistes craignent que Belo Monte ne soit que le premier ouvrage d'une série qui bouleverserait de façon irréversible le cours et l'équilibre interne de l'un des principaux affluents de l'Amazone. A l'heure actuelle, la modification du débit du Xingu devrait inonder plus de 500 hectares, avec des conséquences directes ou indirectes sur un territoire de quelque 5 000 km2. Avec le début des travaux, le chaos s'abat sur Altamira. Pour l'instant, la ville n'a même pas d'égouts. Le système hospitalier est sur le point d'imploser et le petit aéroport ne pourra bientôt plus gérer l'augmentation du trafic aérien qui a déjà commencé. Norte Energia devra résoudre tous ces problèmes en remplissant 40 conditions sur lesquelles le gouvernement brésilien et le consortium sont tombés d'accord et qui portent sur des travaux d'infrastructures et d'améliorations dans plusieurs domaines- clés dans la ville. Selon les opposants à Belo Monte, les travaux ont déjà commencé, mais Altamira n'a encore reçu aucune compensation. La résistance des habitants d'Altamira au barrage est loin d'être négligeable, mais elle est constamment minimisée par Norte Energia. Belo Monte va coûter entre 11,3 et 13 milliards d'euros. Le gouvernement de Dilma Rousseff soutient que le Brésil, pour maintenir sa croissance économique, doit entreprendre ce projet qui marquera un avant et un après dans l'Histoire de l'Amazonie.
F. P.
In El Païs


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