«De nombreuses pathologies périnatales évitables et pourvoyeuses de handicap lourd avec infirmité motrice cérébrale (IMC) restent dramatiquement fréquentes dans notre pays, en raison, notamment, de plusieurs insuffisances d'un programme de prévention adéquat et adapté», a indiqué Pr Haridi, pédiatre au CHU de Beni Messous, à Alger.Ce spécialiste intervenait à l'occasion d'un symposium sur l'apport de la toxine botulinique dans la prise en charge de la spasticité chez l'enfant souffrant d'IMC, organisé, à l'hôtel Sofitel. L'IMC est la séquelle d'une atteinte cérébrale précoce avant la naissance (anténatale), pendant (périnatale) ou dans les deux premières années. Elle se traduit par des troubles de la motricité (touchant le mouvement et la posture) et/ou de certaines fonctions cognitives. Ces troubles peuvent avoir de lourdes conséquences sur les apprentissages scolaires. Les participants à cette manifestation scientifique ont insisté sur le dépistage précoce de cette pathologie. Des statistiques ont été dévoilées sur la prévalence de cette maladie en Algérie. Ainsi, a-t-on indiqué, «3,8 nouveaux cas pour 1 000 naissances sont signalés en moyenne chaque année dans notre pays, alors que les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) font état de 3 cas pour 1 000».Selon Pr Haridi, «la majorité des enfants atteints d'IMC ne sont généralement traités qu'après l'âge de deux ans». Ce spécialiste a fait part de «l'insuffisance de structures d'accueil comparativement au nombre de cas enregistrés tous les ans». Une situation qui se répercute sur la prise en charge des malades, notamment les rendez-vous qui se sont de plus en plus éloignés. Ainsi, est-il déploré, «le temps s'écoulant entre la date d'un rendez-vous et l'hospitalisation d'un patient ne fait qu'aggraver l'état du sujet atteint». Pr Haridi a mis l'accent sur l'intérêt d'identifier la population à haut risque d'IMC, la nécessité de leur suivi en consultation spécialisée pour le dépistage précoce de cette pathologie. Elle a plaidé pour une prise en charge multidisciplinaire précoce de l'IMC.«Les malades atteints d'IMC souffrent d'une prise en charge insuffisante», ont estimé les différents intervenants. Abondant dans ce sens, Dr Aouichat de l'EHS de Tixeraïne a estimé, qu'entre 1994 et 2009, 80 nouveaux cas d'IMC par an ont été enregistrés, ajoutant que «la souffrance néonatale étant la plus fréquente avec 33% de prévalence». D'après elle, «24% des patients sur 200 dossiers traités ont été consultés avant l'âge de 2 ans et 28% après l'âge de 5 ans», précisant que «cette maladie intervient notamment chez les bébés nés prématurément». Evoquant le traitement de l'IMC, les intervenants ont expliqué qu'il s'effectue par injection de la toxine botulique. Il s'agit d'une drogue administrée au patient et ce, une fois tous les quatre mois pour décontracter le muscle, éviter les déformations et alléger les douleurs. «Le médicament, dont le coût avoisine les 35 000 DA, est remboursable en Algérie», a-t-on affirmé. Cependant, a-t-on averti, «ce traitement doit être manipulé avec la plus grande vigilance par des spécialistes». Dr Aouichat a fait part de l'expérience de Tixeraïne dans ce domaine. Elle a souligné que «le traitement de la spasticité par la toxine botulique est une indication fréquente chez l'enfant atteint d'IMC». Il vise, selon elle, l'amélioration du confort et de qualité de marche : «Cette thérapeutique a été introduite dans notre service depuis environ 2 ans, et s'inscrit dans le cadre de la stratégie de prise en charge spécifique de la spasticité localisée chez l'IMC.» A. B.