Une rupture massive de médicaments utilisés dans le traitement de différentes pathologies, dont certaines graves, est enregistrée au niveau de la PCH (Pharmacie centrale des hôpitaux). Quelque 320 médicaments sont en rupture de stock depuis plusieurs mois au niveau de la PCH. Notre journal a réussi à se procurer la liste des médicaments en rupture de stock à la PCH. Cette liste comporte, entre autres médicaments, des anticancéreux (à l'exemple de l'Hydroxycarbamide gélules 500 mg et du Tamoxifene comprimés 10 mg utilisé par les femmes souffrant du cancer du sein) ; des médicaments utilisés dans le traitement des maladies neurologiques (Clomipramine comprimés 10 mg), ajouter à cela d'autres médicaments utilisés pour la stabilisation de l'insuline (Gliclazide 80 mg), ainsi que pour le traitement de l'infarctus du myocarde (Actilyse 20 mg). L'on signale, par ailleurs, une rupture de l'anti HBs, le vaccin contre l'hépatite B, obligatoire pour les nouveau-nés. Le siège de la PCH et les EHS (Etablissements hospitaliers spécialisés) sont régulièrement pris d'assaut par les parents à la recherche du précieux médicament. En vain. Régulièrement interpelé au sujet de ces ruptures récurrentes de médicaments, Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, pointe du doigt les lobbies des médicaments. Des arguments qui n'ont convaincu personne, notamment son supérieur direct, Ahmed Ouyahia. Ce dernier lui a administré un bizutage en bonne et due forme, lui faisant porter (à Ould Abbès, ndlr) l'entière responsabilité quant à ces pénuries, qui ont eu des répercussions négatives sur les établissements hospitaliers, engendrant des dysfonctionnements au niveau des activités de soins, notamment dans les blocs opératoires, et le report des séances de chimiothérapie et de radiothérapie. Principales «victimes» de ces pénuries endémiques, les malades cancéreux, qui n'ont pas cessé d'alerter les pouvoirs publics. Dans un entretien accordé à la Tribune, Mme Hamida Kettab, présidente de l'association El Amel des malades cancéreux, a indiqué que la plupart des rechutes sont dues à la rupture des médicaments et à l'absence de radiothérapie. «Les ruptures de stock, dit-elle, sont une autre plaie dans le parcours du combattant du pauvre patient. Cela a d'ailleurs ouvert la porte à des comportements anormaux.» Parmi ces comportements, elle cite le cas d'un médecin, qui, à court de solution pour son malade, lui prescrit un médicament, sachant qu'il est à usage hospitalier et donc pas disponible dans les pharmacies. En désespoir de cause, les malades essaient tant bien que mal de se procurer le médicament à l'étranger. Là aussi, les malades sont confrontés à un autre dilemme, celui du trafic de morphine. Celle-ci ne doit, sous aucune façon, être distribuée en dehors de l'enceinte hospitalière. Or, des parents de malades font état d'un gros trafic touchant cet analgésique, au point où certains malades arriveraient à se le procurer même de l'étranger, grâce à des complicités. «Nous espérons réellement une solution rapide à cet épineux problème. Un problème que nous avons dénoncé à plusieurs reprises depuis plusieurs années déjà, déclare Hamida Kettab. Il est anormal qu'on soit en rupture de produits aussi basiques que les morphiniques. L'argent est disponible, nous dit-on. Dans ce cas, où réside le problème ? Cela ne peut plus durer ainsi. Ne faut-il pas que toutes les parties prenantes s'assoient une fois pour toutes pour régler cette question ? D'autant qu'il y va de la vie de plusieurs milliers de personnes.» Y. D.