La présidente de l'association ‘El Amel' d'aide aux cancéreux dénonce le bricolage et appelle à une prise en charge sérieuse des malades. «Cela fait plusieurs années qu'on parle de 57 centres, mais rien de concret n'a été réalisé sur le terrain. Les discours des responsables ne sont que des chansons qui se répètent alors que les malades continuent de souffrir et de mourir lentement !» a déploré Hamida Kettab, lors d'une rencontre au forum d'El Moudjahid. Les quatre centres qui devaient être réceptionnés, en mars dernier, dans les wilayas de Sétif, Annaba, Tizi-Ouzou et Batna ont accusé un énorme retard dans leur réalisation. «Les malades doivent patienter encore longtemps pour voir ces centres entrer en activité, au vu du rythme de l'avancement des travaux», a-t-elle regretté. A Ouargla, un centre anticancéreux fonctionne avec un seul manipulateur. «Les responsables de ce centre ne trouvent pas mieux que de renvoyer les cancéreux. Et, bien évidemment, le service est assuré, la nuit, pour des malades bien introduits. C'est de la pure ségrégation !» s'écrie Mme Kettab qui affirme que ce «comportement indigne est également signalé dans plusieurs centres de soins à Sidi Bel-Abbès, Oran, Blida et Constantine». Les cancéreux qui attendent des soins par radiothérapie sont estimés, selon elle, à 28.000. «Un grand nombre de ces malades risquent de mourir car il n'y a pas de prise en charge sérieuse : manque de médicaments, manque de matériel et aussi l'incapacité des centres à satisfaire la demande», explique-t-elle. Concernant la rupture des stocks des médicaments anticancéreux, la présidente de l'association ‘El Amel' estime que la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) est la seule responsable de cette situation préjudiciable. «La PCH ne fait pas ses commandes à temps. On attend jusqu'à ce qu'il ne reste que de petites quantités pour établir une commande qui ne couvre qu'une période maximale de deux mois. La commande est faite à la dernière minute alors que les laboratoires ont besoin d'assez de temps pour fabriquer la quantité commandée. Entre-temps, les cancéreux meurent à petit feu, mais aucun responsable de la PCH, ni du ministère de la Santé n'a été sanctionné !», s'étonne-t-elle. A cause du manque de médicaments, les médecins se trouvent dans l'obligation de demander aux cancéreux d'aller les chercher dans les pharmacies. «On délivre des ordonnances aux malades pour aller chercher des médicaments destinés exclusivement à l'utilisation hospitalière. Les malades ayant des connaissances se débrouillent et les autres attendent de mourir», déplore encore Mme Kettab. Deux centres privés de radiothérapie à Blida et à la clinique El-Azhar, à Dély Ibrahim (Alger), entreront en activité d'ici à juillet prochain. Mais les soins coûteront cher aux cancéreux. «Une séance de radiothérapie reviendra à 15.000 DA. Il faut que la Casnos intervienne pour aider les malades, si on veut réellement les sauver», a, par ailleurs, appelé l'intervenante.
Une mort lente
Le manque flagrant de moyens de radiothérapie contraint les malades à attendre longtemps, alors qu'il faut absolument respecter la durée entre les séances de soins. «Quand un cancéreux attend plus de quatre mois pour faire une autre séance de radiothérapie, ça veut simplement dire qu'il a tout le temps de mourir. Car, durant cette période, les poisons injectés dans son corps auront aggravé son état. La plupart des cancéreux souffrent de cela», a déploré Mme Kettab. La fermeture prochaine du centre anti-cancer de Constantine, pour travaux, compliquera davantage la situation. La pression augmentera sur les autres centres et le calvaire des malades aussi. La prise en charge d'un cancéreux par radiothérapie coûte à l'Etat environ 60 millions de centimes. Et, si les délais ne sont pas respectés, «c'est de l'argent jeté par la fenêtre», soulignera encore Mme Kettab.