De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Le foncier à Annaba, dilapidé durant les années 90 au moment où les services de l'Etat étaient mobilisés à combattre l'hydre terroriste, est en train d'être récupéré par voie de justice dans le cadre des lois en vigueur. En effet, les besoins exprimés en matière de logements, d'équipements publics ou d'investissements dépassent de loin les superficies disponibles qui pourraient servir d'assiettes pour la réalisation de ces projets. L'implantation de plus de 4 000 logements du côté du pôle universitaire d'El Bouni avait au départ posé des problèmes du fait que Urban, un bureau d'études en urbanisme, avait accaparé les terrains disponibles et il avait fallu l'intervention de la wilaya pour reprendre ces terrains que la spéculation commençait déjà à grignoter. Lors de sa dernière visite à Annaba, le président de la République avait posé la première pierre de ce grand projet qui s'est, près de 20 mois plus tard, concrétisé puisque 1 400 logements ont déjà été attribués. Pour les autres terrains, ceux occupés par des bidonvilles et squattés par certains du fait de leur proximité de ces habitations précaires, l'agence foncière de wilaya et les services des domaines ont pu, après bien des péripéties, reprendre ces superficies pour les exploiter dans le cadre des différents plans de développement. Ainsi, à Sidi Salem, les terrains récupérés après la démolition du bidonville de l'ancienne cité SAS héritée de la colonisation ont pu servir d'assiette pour la construction de nouveaux logements et l'opération se poursuit. Du côté du quartier El Fakharine, une plaie ouverte dans le chef-lieu de wilaya, les indus occupants ont été évacués et à la place, de nouveaux bâtiments ont été érigés, des centaines de logements ont été réalisés. Les poches situées dans le tissu urbain et que certains prédateurs ont clôturées pour, dans un premier temps, opérer une extension de leurs villas, ont été reprises et ont servi pour la réalisation d'équipements publics, administrations, dispensaires, écoles et autres. Il faut, cependant, dénoncer des agissements pour le moins curieux de citoyens qui ont exercé un véritable chantage sur les services de l'Etat et qui ont par la suite obtenu gain de cause puisque l'administration a plié en abdiquant à ce type de chantage. Le cas est édifiant. Il s'agit d'une école pour non-voyants à Oued Forcha qui devait ouvrir ses portes pour la rentrée 2010/2011, mais cela a été retardé parce qu'une quinzaine de familles occupant le site tout autour s'y sont opposées et réclament des logements sociaux. Ces familles encouragées par le fait qu'auparavant 7 familles occupant le même site avaient été relogées, et donc en s'installant juste après, ces indus occupants veulent rééditer la même situation pour bénéficier de logements. Un chantage qui, cette fois, n'a apparemment pas fonctionné. Le foncier industriel, lui aussi, a été l'objet de convoitises et a fait l'objet de spéculations à telle enseigne que certains faux industriels ont pu obtenir des actes de propriété sans pour autant réaliser les investissements prévus et cela depuis plus de 15 ans. Dans les quatre zones industrielles de Annaba, Meboudja, Pont Bouchet à Berrahal ou dans les zones d'activités commerciales (ZAC), rares sont les unités qui produisent. Ce sont pour la plupart des hangars servant à stocker des marchandises importées, des parkings pour camions ou tout simplement des superficies clôturées sans plus. Plusieurs de ces faux industriels sont poursuivis en justice pour non-respect du cahier des charges et ce, dans le but de récupérer les terrains et les réattribuer à de vrais investisseurs. Toujours dans le foncier, dernièrement à Annaba, une autre affaire a été portée sur la place publique mettant en conflit deux particuliers à propos d'un lot de terrain situé à proximité de la plage Rizzi-Amor, chacune des deux parties se disant propriétaire du terrain en question. L'enquête que nous avons menée sur le terrain au niveau des services de la Conservation foncière de la commune de Annaba de la wilaya nous a permis d'être au fait de la situation. Le terrain objet de toutes les convoitises est d'une superficie de 2 170,48 m2 situé à la Caroube, le propriétaire détient un acte de propriété enregistré et publié le 17 février 2011, acte sur la base duquel un permis de construire a été délivré par les services compétents. Un tiers se présentant comme victime s'est opposé à la construction sur ce terrain affirmant qu'il a été spolié dans ses droits et que le terrain en question lui appartient. L'affaire a été portée devant la justice qui a tranché en première et en deuxième instance au profit du détenteur de l'acte de propriété. La fausse victime crie à qui veut bien l'entendre qu'elle est propriétaire du terrain. L'agence foncière, les services des domaines, la commune de Annaba, les services de la wilaya affirment le contraire, documents à l'appui, et la justice a tranché. Il faut dire qu'à Annaba, s'agissant du foncier, qu'il soit particulier ou appartenant à l'Etat, les voies de la prédation sont impénétrables quitte à réclamer comme sien ce qui appartient à autrui.