Photo : Sahel Par Amirouche Yazid Nul doute que les élections législatives du printemps prochain seront une étape importante à travers lesquelles il sera vérifié si le régime œuvre réellement pour le respect du jeu politique et électoral. Pour l'heure, on en est encore au stade des promesses et des engagements. Ce rendez-vous électoral est aussi attendu dans la mesure où la composante de la future Assemblée populaire nationale devrait donner l'ébauche de ce qui serait, par la suite, la teneur de la nouvelle Constitution, préalablement définie comme étape finale des «réformes politiques» engagées par le chef de l'Etat. Pour l'heure, les partis politiques des divers horizons affûtent leurs armes en perspective de cette échéance. Les élections législatives prochaines ont ainsi l'intérêt de permettre une lecture plus au moins fiable de la cartographie politique du pays, entachée d'illisibilité à force d'entretenir le vide politique et le bourrage des urnes. Un vide politique et un bourrage des urnes qui ont donné naissance à une Assemblée nationale illégitime et à une fausse représentation de la société. Compte tenu donc de cette intention d'organiser des élections «libres et transparentes», mais aussi du contexte régional, l'Algérie se dirigerait vers un scrutin où le jeu sera ouvert. A vérifier. Il est cependant clair que l'Alliance présidentielle, composée du trio FLN-RND-MSP, n'en sera pas une à l'occasion de cette échéance électorale. Chaque formation évoluera en solo avec l'ambition très partisane de récolter mieux que lors des législatives précédentes. Les leaders de ces partis s'adonnent d'ailleurs des attaques par déclarations interposées, quant à la popularité des uns et des autres. Quand le RND annonce le nombre de sièges qu'il compte obtenir dans la prochaine Assemblée, cela ne fait guère plaisir au FLN et au MSP. Et quand Abdelaziz Belkhadem, chef du FLN, pronostiquait, pourcentage à l'appui, sur la couleur politique de la future APN, la désapprobation vient de toute part. Le sondage d'Abdelaziz Belkhadem n'a pas été le bienvenu chez ses pairs de l'Alliance présidentielle. Un positionnement qui annonce incontestablement une bataille rude au printemps prochain. Avec cette possibilité de voir le paysage politique connaître une hiérarchie légèrement remodelée. Car, avec les crises internes que couvent, les partis de l'Alliance, notamment au sein du FLN, il faudrait s'attendre à ce que l'électorat de ce trio s'affaiblisse et se disperse. Au profit de qui ? Difficile de répondre. L'autre donne de cette élection est, du point de vue purement politique, la participation ou pas du FFS. En attendant que le parti d'Aït Ahmed tranche sur sa participation ou son boycott, ce rendez-vous électoral pose aussi prématurément le probable jeu des alliances au sein de la future Assemblée nationale. Car une fois passée la fièvre des législatives, avec certainement des satisfaits et des mécontents, tout le monde aura la révision de la Constitution comme ligne de mire. Ça sera vraisemblablement le moment propice pour les compromis et les alliances post-législatives. Ces alliances vont ainsi tenter de peser sur l'esprit de la future Constitution. On peut, éventuellement, revoir l'Alliance présidentielle ressoudée par l'enjeu. Ses divergences, dans ce cas, n'auraient duré que le temps d'une élection. Il est d'ores et déjà clair que le poids du courant «islamo-nationaliste» ne changera pas substantiellement. La curiosité restera cependant entière concernant le courant qui représentera l'opposition, dans ses différentes variantes et ses différents discours. Nous pensons particulièrement aux formations politiques de la mouvance démocratique, comme le FFS et ceux se réclamant de la gauche, le PT en l'occurrence. Comment se positionneront-elles par rapport à la révision de la Constitution ? Il faudrait d'abord en connaître leur poids dans la future assemblée.