Malgré l'affaiblissement de son potentiel de députés, le FLN entend rester le maître du jeu à l'Assemblée nationale dont il revendique déjà la présidence. Les acteurs de l'Alliance présidentielle ont renoué le contact, hier, dans l'après-midi. Soltani, Belkhadem et Ouyahia ont tenu un conclave à huis clos, au siège du FLN. Il s'agit d'une «réunion technique», comme nous l'a précisé M.Bouhadja du FLN qui traitera de la composante du bureau et des commissions de l'APN. Une réunion qui intervient après les rencontres ayant réuni les leaders de l'Alliance avec leurs groupes parlementaires respectifs. Quant aux autres partis, tels que le PT, le RCD et le FNA, ils réuniront mercredi leurs députés. Assurément, le parti de Belkhadem va faire des concessions en la matière au profit des autres partis qui ont amélioré leur score électoral, à l'instar du MSP et du RND qui ont glané 14 sièges supplémentaires chacun. Le FLN tentera de sauver l'essentiel en gardant sous son aile les commissions sensibles, dans le respect des articles du règlement intérieur de l'APN. Son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, avait annoncé la couleur lors de sa dernière conférence de presse. Il parle de la présidence de l'APN, qui est attribuée à M.Abdelaziz Ziari, de quatre présidences de commissions, de trois vice-présidences et de quatre rapporteurs. Tout comme le RCD, le PT ou le FNA qui ont augmenté leur potentiel de députés qui siégeront dans la future Assemblée. L'autre point abordé concerne la présidence de l'APN, qui ne peut échapper au FLN qui, malgré le score amoindri en nombre de sièges gagnés par rapport aux précédentes législatives, est sûr de garder le poste laissé vacant par Saâdani. La loi électorale constitue l'autre dossier lourd des tractations en cours entre les partis. Les limites de l'option de la proportionnelle ont été cernées. Il est donc fort probable qu'il y ait consensus pour des amendements de cette loi en vue des prochaines élections locales. L'intégrale est un choix devenu incontournable pour assainir la scène qui s'est encombrée de micro-partis qui désorganisent la vie politique. Les partis de l'Alliance en sont conscients puisqu'ils sont les premières victimes de ce mode de scrutin. Cette rencontre des chefs du triumvirat politique en charge de l'application du programme du président de la République Abdelaziz Bouteflika, est la première du genre dans la nouvelle ère politique post-législatives du 17 mai 2007. Les trois hommes, Belkhadem, Soltani et Ouyahia se sont livrés une bataille à la limite de la régulière lors de la campagne électorale. Chacun a tenté de tirer la couverture à lui en prenant des distances par rapport à l'échec constaté par la population dans certains secteurs touchant à la vie quotidienne des citoyens. Le duo Belkhadem-Ouyahia s'est distingué par une guerre des mots fondée sur de profondes divergences étalées aussi bien par l'un que par l'autre sur la place publique. Soltani, de son côté, n'a pas hésité à fustigier sur ses deux alliés pour faire admettre l'idée que son parti n'a rien à voir avec la gestion au sein du gouvernement, d'où le slogan «votez pour nous puis demandez-nous des comptes!». Le MSP a fait sa campagne dans la peau d'un parti de l'opposition. Une manière subtile de désigner le FLN comme le responsable des échecs de la politique menée par le gouvernement dont le parti de Soltani fait partie. Les divergences ont nettement apparu bien avant la campagne électorale. Le FLN a maintes fois fait cavalier seul s'agissant des dossiers lourds de la réforme de l'Etat et de ses institutions. Faisant peu cas de l'avis de ses partenaires au sein de cette Alliance qui a pris les contours d'un «mariage forcé» entre politiques parfois diamétralement opposées. La mouture de la nouvelle Constitution a été un autre point culminant de la divergence apparue dans la cohabitation. Le RND et le MSP n'ont jamais pardonné au FLN cet impair politique. Pour le contrecarrer, chacun s'est dit prêt à présenter sa propre mouture au président de la République. Les observateurs de la scène politique nationale sont alors arrivés à faire un constat unanime: l'éclatement de l'Alliance était inéluctable. Le dossier de la corruption a été l'autre signe de l'isolement du MSP dans le jeu politique. Soltani n'a pas été soutenu dans sa démarche par ses partenaires. Aujourd'hui que le calme est revenu dans les esprits, que les clameurs de la campagne électorale se sont tues, place est donnée aux concertations pour s'ouvrir de nouvelles perspectives. La sanction des urnes n'ayant épargné personne, il y a lieu de serrer les coudes en attendant de voir venir des jours meilleurs. La coalition l'a fait pour montrer qu'elle avait encore de l'avenir sur la scène politique. Les tractations ne peuvent éviter la sempiternelle question de la composante du prochain gouvernement qui sera constitué une fois les résultats des recours introduits au niveau du Conseil constitutionnel connus, les mandats des députés validés et la nouvelle APN installée. Le personnel du gouvernement sera, encore une fois, le reflet de la carte politique qui a connu un léger lifting par la voie des urnes. Le fardeau de l'héritage électoral du 17 mai sera porté par le trio de l'Alliance tout au long des quatre années du mandat de l'APN.