Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati La force publique a enfin été utilisée dans l'affaire de la laiterie de Draâ Ben Khedda, dans la wilaya de Tizi Ouzou, fermée par les travailleurs depuis le 9 octobre dernier, et ce, en application de la décision de justice rendue en faveur du propriétaire… le 19 octobre dernier. Mais cette action qui a eu lieu hier vers 8h n'a pas été facile à mener dans la mesure où les travailleurs qui bloquaient l'accès à l'entreprise ne sont pas restés les bras croisés, d'autant plus qu'ils ont reçu l'aide de quelques jeunes des quartiers mitoyens. Les deux interpellations, qui ont suivi les quelques échauffourées signalées, ont pris fin très rapidement. La wilaya de Tizi Ouzou va donc vers une normalisation dans la distribution de lait en sachet après une perturbation de plus de soixante-quinze jours, à la suite d'une grève des travailleurs avec fermeture de l'unité pour des griefs retenus contre le propriétaire, pouvant être résumés en mauvaise gestion et détournement. Des accusations rejetées par le propriétaire de l'unité qu'il a acquise dans le cadre de la politique gouvernementale de privatisation en 2008, qui a, en outre, exprimé des soupçons quant à une manipulation extérieure à l'entreprise par un certain nombre de travailleurs grévistes.L'on ne sait pas encore d'ailleurs la réaction du propriétaire à l'égard des grévistes, notamment les meneurs. Ira-t-il vers un licenciement collectif comme le lui permettent la décision de justice, ses mises en demeure envoyées aux travailleurs, qui ont expiré le 2 novembre dernier, ou tournera-t-il la page d'un épisode qui a mis à mal son entreprise qui s'est retrouvée avec des pertes sèches estimées à quelques milliards de centimes ? L'avenir proche le dira très certainement, mais le plus important, aujourd'hui, c'est le retour du lait pasteurisé sur le marché en quantité suffisante pour couvrir les besoins de la population de la wilaya, les cinq autres laiteries privées n'étant pas en mesure d'y répondre avec leurs 100 000 litres quotidiens. Des laiteries qui ont bien profité de l'absence de celle de Draâ Ben Khedda, mais ont aussi subi beaucoup de pression pour un produit de base très demandé. Et cette pression dure depuis le 9 octobre dernier lorsque les travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Khedda ont décidé d'aller vers l'action extrême, grève illimitée et fermeture de l'unité pour revendiquer leurs droits socioprofessionnels, mais aussi exiger la renationalisation de cette unité. Une revendication utopique que l'Etat a totalement ignorée, contrairement à la patronne du parti des travailleurs (PT), Louiza Hanoune, qui s'est déclarée pour la reprise, par l'Etat, de cette unité.