Ça s'agite dans le landerneau politique. Normal, les élections arrivent. Et qui dit élection, dit opportunité d'obtenir un poste de responsabilité bien rémunéré en argent et privilèges, mais aussi un strapontin pour une situation plus profitable. Ce n'est certainement pas le cas de tous les candidats. Mais dans la perception des citoyens, si on excepte les inconditionnels et les partisans, toute la classe politique est à mettre dans le même sac. Le taux de participation aux dernières élections législatives est plus qu'indicateur de ce fossé séparant ces prétendus représentants du peuple et ce peuple dont ils se disent être les porte-voix, sans pour autant poser réellement ses problèmes et porter ses attentes. Si des citoyens sortent dans la rue pour interpeller les responsables sur le moindre problème, c'est bien parce qu'ils savent que personne ne le fera pour eux, et de plus, ils n'ont confiance en aucun de ces élus qui sont trop occupés à régler leurs affaires pour se soucier des leurs. S'il y a une preuve irréfutable de cette rupture avec le peuple, c'est bien ces fameuses rencontres avec la société civile que le Président a décidées et qu'il a confiées non à une commission parlementaire, mais au Conseil national économique et social (Cnes). Le premier constat qu'en a fait un des membres de la délégation du Cnes se résume en une phrase : «La quasi-totalité des intervenants, dans toutes les régions que nous avons visitées, pointe du doigt les responsables locaux, élus et désignés, qu'ils mettent d'ailleurs tous dans le même sac.» Et comme pour conforter le citoyen dans son appréciation et la justesse du choix du chef de l'Etat, la commission parlementaire qui a enquêté, après coup, sur les causes des pénuries et/ou la flambée des prix de l'huile et du sucre ayant conduit au déclenchement d'émeutes au début de l'année dernière, a livré un rapport vide. Les élus enquêteurs ont abouti à des généralités et des constats que tout le monde avait déjà fait bien avant eux, sans désigner nommément un coupable ou un responsable. Aussi, la sortie d'un parti d'une coalition présidentielle, la naissance d'un autre ou les crêpages de chignons au sein d'une formation politique ne peuvent-ils constituer qu'un «non-événement» aux yeux des citoyens. Les partis fourbissent leurs armes et fignolent leurs discours pour aller à la conquête d'un électorat. Qu'apportent-ils donc de nouveau, de réformateur, pour mériter qu'on s'y intéresse ? Qu'ont-ils réalisé, ou même essayé de réaliser, tout au long de ces années, pour mériter qu'on les soutienne ? Ce n'est certainement pas en promettant monts et merveilles qu'ils parviendront à se sortir du «sac populaire». C'est du déjà-vu, déjà entendu qui n'accroche plus personne. Par contre, ce que nous n'avons pas vu jusqu'à présent, ce sont des programmes politiques et des propositions constructives qui dessinent, même en pointillé, une Algérie moderne et un Etat de droit garantissant au citoyen tous ses droits, y compris celui de le poursuivre en justice. H. G.