Y a-t-il un intérêt autre qu'anecdotique à la répétition de l'interminable feuilleton des redresseurs des «redressés» potentiels au FLN ? Peut-être de souligner l'extrême légèreté de la vie politique végétative à l'ombre du système algérien Il se passe pourtant des choses lourdes et intéressantes. Le régime de Kadhafi donne des signes d'effondrement et cela nous concerne sur au moins 900 kilomètres de frontières ! Et pendant que le régime syrien tangue et sombre dans une orgie répressive, que les Palestiniens trinquent comme d'habitude, que les Egyptiens en appellent à la «chute de Camp David» et que des Algériens s'angoissent pour l'avenir d'un pays dont les ressources fossiles s'épuisent, «l'appareil du parti» est engagé dans une triviale «bataille du destin». C'est la caricature amplifiée des conséquences d'un champ politique hypercontrôlé, où les acteurs d'un parti n'ayant pas à s'occuper des choses importantes, doivent se trouver une occupation et des dérivatifs. Et quand on ne débat pas de ces choses importantes que sont la politique étrangère du pays et la manière de réagir au mouvement des peuples arabes, l'économie et la manière dont les ressources sont affectées, l'éducation des enfants , il ne reste plus qu'à essayer de donner du «sens» à la barbe de M. Belkhadem et de ses adversaires. Voilà donc la grande controverse à laquelle nous convie l'appareil du parti. Le FLN, rappelait récemment M. Mehri, est en train de donner du grain à moudre à ceux qui veulent le mettre dans un musée, en acceptant un statut d'instrument du pouvoir au lieu de défendre ses propres idées et ses valeurs. La « bataille du destin» qui se déroule actuellement au FLN est bien une énième bataille de personnes qui se manifeste à chaque fois que des échéances électorales pointent à l'horizon. A la limite, cela aurait été légitime si ces batailles s'accompagnaient d'une compétition entre des idées et des programmes ! Or, les idées et les programmes sont préétablis, à l'extérieur, et les «acteurs» du FLN n'en discutent pas. Cette bataille caricaturale est, au fond, une illustration parfaite de l'image rebutante de la politique que le système distille, non sans réussite, auprès des Algériens. Quand un parti politique est dépolitisé, la réussite atteint la perfection dans l'absurde. Il est vrai qu'après de longues années de vie publique, dont plusieurs à la tête du Parlement, l'actuel SG du FLN a «décidé» que les Algériens n'étaient pas mûrs pour une démocratie parlementaire. On constate qu'au vu de la mièvrerie politique ambiante, même les militants d'un parti politique deviennent «immatures» pour faire de la politique. On se serait bien passé de parler du FLN si, en Algérie, des questions graves et vitales ne se posaient pas au présent et ne rendaient l'avenir des plus incertain. Mais on doit en parler ! Car ce saccage systématique du politique qui s'entreprend régulièrement pour d'absurdes raisons est dangereux. Cette manière de réduire la politique à des crêpages de chignons et des croche-pieds entre untel et untel devient à la longue insupportable. C'est du cabotinage, des mauvaises sitcoms qui tombent dans une circonstance historique délicate où les Algériens ont besoin de sérieux.