Photo : Sahel Par Samir Azzoug Vendredi dernier, une cinquantaine de souscripteurs se sont réunis sur les lieux du site Ouled Bouzid. Révoltés, avec des mots durs, ils accusent l'AADL de gestion opaque, de jeu malsain et de corruption. Dénonçant des attributions arbitraires de logements, mettant en avance des chiffres contradictoires, pestant contre les retards accumulés dans la réalisation et la distribution, ces souscripteurs au programme AADL de 2002, détenteurs de décisions d'affectation à Draria ayant déjà payé la première tranche de leurs logements, ont décidé de recourir à des rassemblements pour faire entendre leurs griefs. Ils affirment être plus de 400 souscripteurs représentés par une association que le ministère de l'Intérieur a refusé d'agréer après plusieurs mois de soumission du dossier. «Dès janvier 2011, l'AADL nous a demandé de nous constituer en association pour pouvoir dialoguer avec elle. On a agi en conséquence en déposant un dossier d'agrément. Pendant des mois et après plusieurs changements sur les listes des délégués, qui, une fois désignés, se retournent contre nous, l'accord du ministère de l'Intérieur vient de nous être refusé. Nous devions recevoir nos appartements en avril 2011. Maintenant, on nous demande d'attendre sans aucun échéancier. Nous sommes inscrits dans un programme promotionnel. On est des salariés moyens, on ne peut ni brûler des pneus ni acheter des appartements au prix comptant. On demande une enquête sur les actes de gestion de l'AADL», explique un protestataire. La colère des souscripteurs a été exacerbée par l'arrêt de la formule de distribution partielle des logements. «L'agence a annoncé la réception de 295 logements qu'elle a commencés à distribuer par tranches. La première, de 63 bénéficiaires, a été révélée juste après l'Aïd. 39 jours plus tard, une deuxième de 82 autres est énoncée avec la promesse de suivre avec une troisième qui n'a jamais vu le jour. C'est donc 145 appartements sur 295 qui ont été distribués. Et puis rien, l'agence a décidé de geler l'opération», explique l'un des souscripteurs qui suspecte une mauvaise gestion et refuse d'attendre l'achèvement du programme pour bénéficier de son logement. «Dans une communication parue dans un quotidien national datée du 4 janvier, l'agence s'adonne à un jeu malsain. D'abord, elle révèle des chiffres combinés entre le site de Ouled Bouzid de Draria et celui d'El Achour bis. Ensuite, les données communiquées sont en contradiction avec ceux que l'AADL affiche sur son site internet. C'est la preuve qu'il y a de la manipulation», insiste-t-il faisant valoir l'attrait que présente le site de Ouled Bouzid par sa position géographique et «la facilité d'accéder à un logement AADL pour peu qu'on décide de se désister de ce programme». Devant tous ces griefs, les souscripteurs en colère demandent aux plus hautes autorités du pays de mener une enquête sur le sujet. Ils exhortent l'AADL à fixer une date de livraison finale, et dans le cas d'un retard important, de prendre en charge les frais de location durant la période. Ils appellent l'agence à délivrer à chaque souscripteur un document d'affectation mentionnant l'immeuble et le numéro d'appartement. Et d'afficher les noms des bénéficiaires avec le numéro daté du premier versement bancaire. Pour couper court à toute polémique, la chargée de communication de l'AADL, Mme Bourenane, précisera : «Tous les détenteurs de décision d'affectation pour le site de Draria sont maintenus à Draria.» Rencontrée au siège de l'agence, elle explique que ce site est «l'un des plus compliqués à gérer dans les programmes AADL. Le chantier a connu un retard, car trois entreprises de construction se sont désistées après avoir amorcé les travaux.» Et d'ajouter les entraves telles que les indus occupants que l'agence devait faire sortir et les problèmes avec les AEC agricoles. Pour les revendications et autres suspicions des contestataires, Mme Bourenane affirme connaître les tenants et aboutissants «car je les ai reçus», et répond point par point aux questions. Sur la contradiction des chiffres d'abord, elle reconnaît que le fait d'avoir jumelé dans la communication parue dans un quotidien national arabophone, les deux sites Ouled Bouzid et El Achour bis, a semé un peu la confusion. La chargée de communication déclarera : «C'est juste un petit problème de mise à jour sur le site internet. Sur cette interface figure le programme initial tel que décidé en 2002, c'est-à-dire la construction de 1825 logements. Or, après étude du terrain, il s'est avéré que la consistance de certaines parcelles ne permettait pas la construction des R+14. Nous avons donc opté pour des R+9 et lancé de nouveaux chantiers. Actuellement, le site de Draria prévoit la construction de 1555 logements», explique-t-elle. «Sur ce quota, 788 appartements ont été livrés et distribués. Sur les 767 restants, 295 sont achevés et prêts à être distribués» détaille-t-elle. Après avoir commencé à distribuer ce lot (295 logements), les deux opérations précédemment citées, «la pression est devenue énorme. L'agence a été prise d'assaut par les souscripteurs impatients. Pour remédier à cela, nous avons décidé de geler toutes les attributions. Aucun appartement ne sera distribué avant la fin des travaux pour les 767 logements à partir de 2013. Même les 295 appartements resteront clos jusqu'à cette échéance. Les deux livraison sont également gelées», tranche-t-elle. Pour ce qui est de l'échéance justement, la chargée de communication poursuit : «Je n'avancerai aucune date. On ne métrise pas les contraintes des chantiers donc, je ne veux pas donner aux souscripteurs d'autres raisons de colère.» Au sujet de l'affectation par numéros de bâtiment et de logement, Mme Bourenane échaudée par des expériences antérieures réfute : «Dans aucun site du programme AADL 2002, nous n'avons donné d'affectation avec ces mentions. Lors des programmes précédents, les souscripteurs passaient leur temps sur les chantiers pour voir l'immeuble et l'appartement qui leur a été désigné. C'était insupportable et les réclamations pleuvaient. Ils (les souscripteurs) ont signé avec l'agence pour avoir un appartement dans un site précis. C'est l'agence en fonction de certains critères – comme l'âge, le nombre d'enfants ou le handicap – qui détermine cela» explique-t-elle en faisant valoir le décret exécutif n°01-105 du 23 avril 2001. Cela dit, l'arrêté ministériel n°10 fixant les conditions et modalités de traitement des demandes d'acquisition de logement dans le cadre de la location-vente précise dans le volet «Adhésion au contrat», déclaration du promoteur : «Le promoteur consent à mettre en location-vente le logement identifié dans le présent contrat, suivant les dispositions du décret exécutif n°01-105 du 29 moharram 1422 correspondant au 23 avril 2001». La notion «logement identifié» mériterait d'être éclaircie.