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Le wali, Abou Zeid et le désarroi social
Publié dans La Tribune le 18 - 01 - 2012

Un grand commis, représentant local de l'Etat algérien, donc du président de la République, a été enlevé dans la région d'Illizi, non loin de la problématique frontière avec une Libye structurellement déstabilisée. Qu'importe finalement les vrais auteurs du rapt, notamment le présumé terroriste Abou Zeid, comme l'a écrit imprudemment une gazette arabophone et, s'il vous plaît, cinq colonnes à la Une ! Ou, fait inédit, des anonymes en colère contre la malvie, le mépris de l'Administration locale et la désespérance sociale. Voilà encore une histoire algérienne, c'est-à-dire, hélas, banale, de désarroi social. Renseignement pris auprès de sources locales dignes de foi, AQMI n'y serait pour rien dans l'enlèvement du wali qui n'aurait pas été transporté en Libye à partir du poste frontalier de Debdeb. On a donc prêté beaucoup au terroriste Abou Zeid, auteur de l'enlèvement d'une trentaine d'étrangers en 2003, mais qui, sur ce coup, aurait fait office d'épouvantail commode. Finalement, le wali, M. Mohamed Laid Khelifi, ancien édile d'Alger, venu parlementer avec une population en colère contre l'incurie de l'administration d'Illizi, aurait été enlevé par des jeunes désespérés qui entendent bien se faire entendre de l'Etat algérien auquel ils ont tant à dire au sujet de leur désespoir. Cette nouvelle forme d'enlèvement est une sorte d'ultime alerte quand toutes les portes sont désespérément fermées. Mais, avant qu'il soit un SOS social, le kidnapping du wali d'Illizi pose la question de la gigantesque faille sécuritaire qui s'exprime sur un registre varié, dans le temps et dans l'espace. A Debdeb, les ravisseurs, qui sont pourtant des amateurs, ont tout de même enlevé, au vu et au su de tout le monde, un haut représentant de l'Etat. Qui plus est dans une région, théoriquement, hautement sécurisée. En effet, Debdeb est un poste frontalier très sécurisé depuis l'interruption du conflit libyen. Du fait même de la dissémination d'armes létales de tous genres, notamment des fameux Sam 7 russes, l'armée algérienne a déployé le long de la frontière libyenne un lourd dispositif sécuritaire de près de 100 000 hommes, tous corps confondus. Le conflit libyen, avec son chaos géopolitique, a même modifié la doctrine de défense de l'ANP qui fait désormais face à une menace émanant de l'Est, alors que depuis 1963, la menace stratégique fondant sa philosophie défensive et son système d'armement émanait de ses frontières ouest. C'est dire que l'enlèvement de Debdeb, même si le wali a été finalement relâché par ses ravisseurs, pose un sérieux problème à l'état-major de l'ANP qui a tout de même nommé quatre généraux, spécialistes reconnus de la lutte antiterroriste, pour gérer les conséquences du désordre libyen et la menace d'AQMI aux frontières orientales du pays. Le rapt du wali d'Illizi, même s'il serait le fait avéré de ravisseurs pas du tout malveillants, intervient après des opérations terroristes spectaculaires, comme l'attaque du mess d'officiers de Cherchell durant le dernier Ramadhan. Ou encore l'incroyable enlèvement d'employés européens d'une ONG, à Hassi Rabouni, capitale administrative de la RASD, à Tindouf. Ces trois opérations, en trois temps et en trois lieux différents, font franchement désordre. Elles écornent même la réputation d'efficacité que les services de sécurité algériens ont méritée, à juste titre, depuis 1992. Le général-major Othmane Tartag, alias Bachir, grande figure de l'antiterrorisme algérien, remplaçant du général Ahmed Kherfi à la tête du
service de sécurité intérieure et de contre-espionnage, a vraiment du pain sur la planche. Notamment au sujet de la sécurisation des points sensibles, dont le poste frontalier de Debdeb fait désormais partie. Reste, à travers le modus operandi des ravisseurs amateurs, la profondeur et la variété du registre d'expression du désarroi algérien. En matière de désespoir, nos compatriotes, notamment les jeunes, ont tout inventé ou presque. Outre l'émeute, le sit-in, la grève de la faim, la confrontation musclée avec les policiers ou les gendarmes, les desperados algériens ont eu recours à l'immolation par le feu, l'automutilation, le blocage des routes, le saccage, l'incendie des édifices publics, la guérilla médiatique sur les réseaux sociaux. D'autres, comme un certain Khémissi de Bordj Bou Arréridj, ont même eu recours à l'ablation volontaire de ce qui fait leur raison d'être d'homme et de musulman procréateur, leur phallus. Des Mohamed Bouazizi algériens, il y en a à profusion, car leur sacrifice, malheureusement, est devenu banal dans une Algérie où les désespérés doivent se surpasser en terme d'imagination sacrificielle pour attirer l'attention des médias et des pouvoirs publics. Nos compatriotes, qui ont désespéré de tout, y compris de la Providence, ont même inventé le suicide en vol plané. Une sorte de parapente sans ailes artificielles, sans filet d'assistance si ce n'est le miracle dû à la chance : le plongeon du haut d'un pont suspendu. Comme ce fut le cas à Constantine où des compatriotes des deux sexes ont tenté de se suicider collectivement en se jetant dans le vertigineux Rhummel, du haut du pont de Sidi Mcid. On le voit, le désespoir algérien est sans limite et l'imagination des Algériens, sans bornes. Aujourd'hui, c'est un wali qui a été enlevé et libéré. Demain, peut-être, ils viseront plus haut. Qui sait ?
N. K.


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