Photo : S. Zoheïr Par Amirouche Yazid Comme il fallait bien s'y attendre, quand il s'agit bien sûr d'un homme de cette envergure, une foule nombreuse a accompagné, dans l'après-midi d'hier, le défunt Abdelhamid Mehri à sa dernière demeure, au cimetière de Sidi-Yahia (Alger), où il a eu des obsèques dignes de l'Homme qu'il était. Toutes les générations étaient au rendez-vous pour dire adieu à cet homme, né pour défendre les causes justes et mort avec la certitude d'avoir combattu les exclusions et toute forme de marginalisation. Véritable grande école de l'exercice politique, Abdelhamid Mehri restera pour l'éternité un symbole de l'abnégation militante. Même les quelques heures précédant son enterrement étaient, nous l'avons senti au milieu de la foule, une offre de dialogue avec la raison, la modération et la tolérance. Ces valeurs que le défunt a soutenues dans l'Algérie de l'Indépendance, après avoir lutté, durant la Guerre de libération, contre le système colonial. Au cimetière de Sidi-Yahia, où il a choisi d'être enterré parmi les enfants du peuple, le défunt Abdelhamid Mehri a réussi à réconcilier les Algériens avec les valeurs qui font, ailleurs, la force des nations. Celles de s'écouter, de se comprendre et de vivre ensemble même quand les divergences sont pesantes. Dans l'Algérie post-Octobre 88, Abdelhamid Mehri avait tenté d'inculquer la vertu du dialogue et de la tolérance à une scène politique balbutiante. En vain. La machine de la haine s'est avérée plus huilée, plus armée que celle des idées, de la tolérance et du dialogue. Nombreux, parmi la foule présente hier au cimetière, qui pensent que l'Homme n'a pas été assez écouté. Décidément, ce qu'il a été empêché de faire de son vivant, Mehri semble l'avoir fait à titre posthume. C'est la marque des grands hommes, qui, même en quittant ce monde, laisseront leur empreinte pour toujours. Pour son enterrement, Abdelhamid Mehri aura réussi à faire converger des milliers d'Algériens, entre anonymes, dirigeants en poste et d'anciens responsables. Parmi la foule, l'on pouvait reconnaître plusieurs figures ayant occupé des grandes responsabilités au sommet de l'Etat. Il y avait d'anciens dirigeants, à l'image de Chadli Bendjedid, Ali Kafi, Mouloud Hamrouche, Mokdad Sifi, Réda Malek, Ali Benflis. Des ministres : Saïd Barkat, El Hachemi Djiar. Il y avait des représentants de partis politiques comme le FLN, le FFS, le PT. On peut également citer d'autres figures telles que Ahmed Taleb Ibrahimi, Abdellah Djaballah, Abdelmadjid Sidi-Saïd, Khaled Nezzar, Ali Yahia Abdenour, Mustapha Bouchachi, Saïd Bouteflika et bien d'autres. On l'aura ainsi remarqué que l'hypocrisie n'a pas empêché certains anciens dirigeants de venir assister aux funérailles de Abdelhamid Mehri. Eux qui, il y a peu, présentaient Mehri comme le diable. Même ceux qui ont souhaité sa mort durant les années 90 ont marqué leur présence au cimetière. Leur présence au cimetière n'empêchera pas cependant Mehri de reposer en paix.