De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
«Autrefois, l'école sévissait en mettant les écoliers à rude épreuve au sens propre du mot. Autrement dit, en les obligeant à retranscrire des centaines de fois un verbe mal conjugué, un mot mal orthographié… Le tout pour leur inculquer une sorte d'acquisition éducative de haute facture. On usait un peu des coups à la règle, mais sans mener l'enfant vers le coma…», explique un instituteur nostalgique de l'ancienne école des années 1970. Cette tradition disciplinaire aura cédé à un autre type de traitement. La sanction via le châtiment corporel pour le moins intensif dès lors que des parents ne cessent d'interpeller la tutelle pour une réelle réflexion sur le sujet. Bien qu'interdit au sein des établissements des trois cycles à la suite de la mise en œuvre de la directive ministérielle numéro 5 datant du 9 février 2003 portant «interdiction de la pratique du châtiment corporel à l'intérieur des établissements scolaires», celui-ci existe toujours, et des plaintes fusent souvent sur les bureaux du secteur de l'Enseignement. «En aucun cas, l'enseignant et l'éducateur ne doivent toucher n'importe quel élève.» C'est une mise en garde émise par le directeur de l'éducation M. Slimani ne cachant pas, cependant, l'attitude de quelques enseignants qui perdent contrôle en classe et versent, par moments, dans l'utilisation de la force. «Il faut instaurer une certaine ambiance entre l'éducateur et l'élève pour l'éviter. Toute violence perpétrée contre un élève est passible de sanction administrative par le truchement du conseil de discipline et dans des cas jugés critiques et extrêmes, ce sont des poursuites judiciaires qui sont engagées», devait-il encore indiquer.En ce qui concerne le bilan étalé sur le nombre des élèves «malmenés» par les enseignants depuis le démarrage du cursus 2011-20112 , l'académie le juge insignifiant par rapport à la dimension de cette wilaya qui renferme bon nombre d'élèves, d'enseignants et d'établissements. A ce propos, dira notre même interlocuteur : «Pour l'heure, on y a enregistré des doléances et correspondances émanant des parents, mais à première vue la nature des réclamations interpellent beaucoup plus les responsables de l'éducation sur ce phénomène du châtiment corporel toujours exprimé en classe dans le but de le circonscrire.» En revanche, il est des cas qui sont réglés à l'amiable entre parents et enseignants et dans lesquels l'administration locale n'interfère pas. Psychologiquement, outre le traumatisme physique, les coups de bâton sur le bout des doigts, les gifles…, des séquelles perdureront, de l'avis de quelques psychiatres et sociologues, lesquels renvoient le recours à la force à la faiblesse dans le traitement des «distorsions» entre élèves scolarisés et leurs instituteurs. «Il faut favoriser un climat de dialogue à l'intérieur des structures scolaires pour permettre au monde de l'éducation d'œuvrer dans de bonnes conditions. Car, l'utilisation de la force à l'école comme moyen de traitement de différends ou pour faciliter la compréhension des cours ne génère que haine et rancune, et elle pourra conduire les élèves humiliés à lâcher prise.» Cet avis est pourtant contredit par quelques enseignants. Ces derniers mettent en exergue la difficulté d'enseigner dans des classes qui débordent. «Parfois, on doit hausser le ton pour instaurer la discipline. Surtout, lorsque l'on dispense des cours en présence de plus de 40 élèves par classe. Il est nécessaire d'élever la voix à s'égosiller, sinon… »Sur un autre registre, on déplore dans le milieu éducatif à Constantine l'absence d'associations de parents d'élèves fortes et actives qui défendraient les droits des élèves, aideraient les enseignants à accomplir leur devoir dans de bonnes conditions et contribueraient à améliorer l'environnement de l'élève au sein de l'école. «La plupart des parents ignorent les droits et devoirs de leurs enfants en milieu scolaire», déplore un administrateur local qui estime que ces associations demeurent faibles en la matière et que «la plupart des parents focalisent leur attention sur les notes acquises et critiquent ou négocient avec l'enseignant, si elles sont faibles. Alors qu'il leur est également demandé de débattre du climat régnant en classe. Il ne faut pas charcuter le volet pédagogique et disciplinaire de la refonte scolaire ». Certes, pour le cursus en cours, point de cas alarmants parmi les doléances exprimées par les parents. Mais, cette sanction, pourtant bannie par la législation en vigueur, n'a pas pu s'arracher au comportement «impulsif» de quelques instituteurs.