L'opposition sénégalaise envisage de créer un Conseil national de transition comme recours possible pour empêcher l'actuel président Abdoulaye Wade de prendre part à la présidentielle, prévue pour fin février. L'idée a été lancée par Cheikh Tidiane Gadio, ex-ministre des Affaires étrangères de M. Wade, devenu opposant et candidat rival, lors d'un meeting tenu conjointement avec d'autres candidats de l'opposition à Dakar, ont rapporté les agences de presse. Le leader du Mouvement politique et citoyen a aussi suggéré la tenue d'une présidentielle parallèle à celle du 26 février prochain. «L'heure de vérité a sonné. Le coup d'Etat constitutionnel que le régime est en passe de réussir n'est qu'un prélude à un coup d'Etat électoral», a dénoncé Cheikh Tidiane Gadio. «Si Abdoulaye Wade persiste, nous n'allons pas le reconnaître, ni reconnaître son gouvernement, et nous allons organiser une campagne pour la reconnaissance d'un Conseil national de transition que nous allons, nous autres, créer», a déclaré M. Gadio, devant des milliers de personnes. «La seule façon de servir le Sénégal dans l'honneur et la dignité, c'est de s'opposer à la candidature inconstitutionnelle d'Abdoulaye Wade jusqu'au bout», a-t-il ajouté. Les candidats de l'opposition, regroupés au sein du Mouvement du 23 juin (M23) ont rejeté la candidature de l'actuel président du Sénégal, la jugeant anticonstitutionnelle du point de vue de la loi et indigne d'un homme politique qui prétend être un démocrate et veut briguer un troisième mandat à l'âge de 85 ans. Abdoulaye Wade a consommé deux quinquennats et à la faveur d'un changement de la constitution, il estime qu'il est légitime de briguer un troisième mandat de sept ans. Ce que le peuple sénégalais a qualifié de hold-up électoral, sortant ainsi manifester sa colère dans les rues de Dakar. La répression qui a suivi ces manifestations, encadrées par le M23 dans leur majorité, a provoqué de nombreux affrontements à Dakar et en Province, causant ainsi la mort d'au moins quatre personnes. M. Wade a accusé l'opposition d'être le seul responsable de ces incidents préélectoraux.Assuré du soutien indirect de nombreuses capitales occidentales, l'opposition sénégalaise ne compte pas lâcher du lest et continue d'affirmer qu'elle fera tout pour empêcher Abdoulaye Wade d'arriver à ses fins. Le recours à la violence n'est pas la solution privilégiée de l'opposition mais le risque d'affrontements postélectoraux n'est pas à écarter si Wade ne se décide pas à respecter le jeu de l'alternance politique.Pour rappel, quatorze candidats dont M. Wade vont s'affronter le 26 février prochain lors d'une présidentielle à hauts risques. Considéré depuis une décennie comme l'un des pays les plus stables du continent africain et ce rendez-vous électoral est perçu comme un nouveau test pour la démocratie dans cet Etat de l'Afrique de l'ouest. La communauté internationale observe de près la situation et ne manque pas d'afficher son inquiétude devant le développement dangereux des événements, tout en appelant Abdoulaye Wade à la raison. Parmi les pays occidentaux qui ont exprimé leur position figure les Etats-Unis qui avaient ouvertement appelé M. Wade à renoncer à sa candidature. L. M.