De notre correspondant à Constantine A. Lemili D'un événement tragique à un autre et quelle que soit sa gravité, l'Algérien a de tout temps su raison garder. Il est effectivement des drames face auxquels il serait trop facile de pratiquer la politique de l'autruche parce que de superbes raccourcis permettent de les mettre sur le compte d'une force immanente. Dans leur grande sagesse, nos parents, sans chercher coûte que coûte à justifier l'injustifiable, ne disaient-ils pas face à des manifestations naturelles comme celles qui frappent depuis quelque temps certaines régions du pays que «el hder matloub», une façon comme une autre de rappeler que le principe de précaution n'est jamais superflu. Mais quoi que l'on dise, toutes les précautions prises à travers le monde suite à des impondérables naturels ne l'ont été qu'au lendemain d'incidents graves. Autrement dit, c'est ce qu'on qualifie d'«enseignements à tirer». Il y a eu un avant-Ghardaïa. Dorénavant, c'est l'après-Ghardaïa qui est vital pour le reste du pays et de ses populations. Il est dommage qu'il n'y ait pas eu un plus sérieux après-Bab El Oued mais l'histoire ne peut malheureusement pas être refaite à ce stade de la situation. Toutefois, la répétition d'un drame d'égale ou de moindre ampleur ne serait que de trop. Et juguler ou du moins atténuer les conséquences d'une impromptue manifestation de la nature ne relève souvent que du plus banal acte quotidien des habitants d'une région parmi d'autres. Une attitude citoyenne omniprésente ne nuirait à personne. Bien au contraire, il suffirait pour cela d'imaginer qu'un avaloir peut ne pas remplir la plus primaire de ses fonctions parce qu'il a servi tout simplement de réceptacle à tous les types d'emballage en papier, synthétiques jetés par les consommateurs. La responsabilité de la commune est également engagée en ce sens qu'il n'en coûte rien à ses services de procéder régulièrement au curage des différentes voies d'évacuation d'eaux de ruissellement et plus particulièrement des risques de délitement des cours d'eau. Dans la wilaya de Béjaïa, les responsables locaux ont fait leur cet adage selon lequel «…à quelque chose parfois malheur est bon» et ont consacré, ce qui n'est jamais assez tant qu'il s'agira de prévenir des vies humaines, près de 40 millions de dinars rien que pour la phase étude d'un projet de protection de la ville contre les inondations. Sage anticipation d'autant plus que la ville a été éprouvée à deux reprises en l'espace d'un semestre (décembre 2002 et mai 2003) par deux phénoménaux débordements de rivière qui ont laissé sans logis quelques familles, en ont endeuillé d'autres et ont coupé du reste de la wilaya la localité de Tala-Hamza. Est-il besoin de le souligner, tous les fonds de secours d'urgence consentis par l'Etat, la prise en charge régulière jusqu'à normalisation de la situation mais également par ceux (fonds) collectés dans le cadre de la solidarité nationale auraient mieux servis ailleurs. Et rien que pour cela, quel que soit le montant de l'investissement que va consacrer la wilaya de Béjaïa pour se protéger contre de tels avatars, cet effort financier ne sera jamais de trop en ce sens qu'il sera nettement moins important que celui consacré à la réparation des dommages causés, qu'ils soient matériels, humains ou moraux.