Photo : M. Hacène Par Karima Mokrani Les praticiens spécialistes de la santé publique ne décolèrent pas. Quatre mois après avoir suspendu leur mouvement de grève, suite à l'engagement du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière à prendre en charge toutes leurs revendications, ils menacent de reprendre la protestation et avec autant sinon plus de force qu'avant. «Aucun engagement n'a été respecté par le ministre et ses collaborateurs. Nous avons beau les contacter par téléphone et les interpeller par écrit, en vain», a affirmé hier le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), Dr Mohamed Yousfi, lors d'une conférence de presse tenue au siège du syndicat à Alger. Durant ce week-end, le Conseil national de l'organisation syndicale a tenu une réunion consacrée essentiellement à cette question. La décision est irrévocable : retour au mouvement protestataire à partir du 4 mars prochain. Un préavis de grève sera déposé auprès des institutions concernées aujourd'hui même. «Nous avons décidé d'une grève de trois jours, les 4, 5 et 6 mars prochain. S'il n'y a pas de réponse à nos revendications, nous reconduirons le mouvement durant trois autres jours, les 11, 12 et 13 mars. S'il n'y a pas de réponse encore, ce sera la grève illimitée à partir du 19 mars», a averti le représentant du syndicat. Non sans lancer un appel à l'institution judiciaire «garante de la transparence des législatives prochaines et de l'Etat de droit» de ne pas décréter la grève illégale comme elle a l'habitude de le faire. Première revendication des praticiens spécialistes de la santé publique, l'amendement du statut particulier considéré comme injuste et ne répondant pas aux aspirations de la corporation. Dr Yousfi rappelle que le syndicat l'a rejeté avant même qu'il ne soit rendu public. Aussi, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, s'est engagé à s'entretenir avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour sa révision, mais rien n'a été fait. Selon les services de la Fonction publique, ce statut est à leur niveau, mais ils attendent des instructions pour sa promulgation. Là encore, rien n'est encore fait. Tout est en stand-by. Deuxième revendication considérée comme importante et urgente, la suppression de la discrimination en matière d'imposition entre les praticiens spécialistes et les hospitalo-universitaires. Dr Yousfi parle de l'IRG qui est de «seulement 10% pour les hospitalo-universitaires et 35% pour les praticiens spécialistes pour les mêmes primes. Ce qui fait une différence de salaire de 20 000 DA à 70 000 DA entre les deux corps». Un fait contesté avec force depuis plus d'une dizaine d'années : «Nous sommes tous égaux devant la loi… Ceci est une transgression flagrante à la loi.»Le Syndicat des praticiens spécialistes réclame aussi l'amendement du régime indemnitaire, jugeant qu'il n'est pas normal que le gouvernement accepte la révision de celui de l'Education nationale (ce dernier a été amendé entre septembre et octobre dernier), mais pas celui de la Santé. A ce propos, dénonce le représentant des praticiens spécialistes, «ce qui nous intrigue le plus, c'est que nous avons élaboré un projet de régime indemnitaire – que nous avons examiné par la suite ensemble - mais ce n'est pas ce qui a été adopté».Une autre revendication des praticiens spécialistes porte sur la promulgation de l'arrêté interministériel portant sur l'organisation du concours de passage du grade de praticien spécialiste assistant à celui de praticien spécialiste principal : «C'est mentionné dans les textes, mais pas dans la pratique.» Même chose pour les comités médico-pédagogiques pratiquement interdits à tous les membres de la corporation… Par ailleurs, rapporte Dr Mohamed Yousfi, le problème de pénurie de médicaments persiste dans pratiquement tous les établissements de santé à travers le pays. «Nous demandons au ministère de mettre à notre disposition les médicaments nécessaires pour la bonne prise en charge de nos malades.»