Le futur président du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi, a tendu la main aux autonomistes sudistes et à la rébellion nordiste qui boycottent son élection, prévue aujourd'hui, sur fond de craintes de déstabilisation. Les forces de sécurité se sont déployées en force à la veille du scrutin à Sanaa mais surtout dans le sud du pays, où un bureau électoral a été attaqué à Aden alors que la tendance dure du Mouvement autonomiste sudiste a appelé à une journée de «désobéissance civile». M. Hadi est le seul candidat à l'élection présidentielle, en vertu d'un accord signé en novembre par le président contesté Ali Abdallah Saleh après dix mois de manifestations populaires et sous une intense pression internationale.Le futur président yéménite a donc lancé un appel à une aide internationale pour son pays dévasté et s'est engagé au dialogue avec les autonomistes sudistes et la rébellion nordiste qui boycottent son élection. Dans un discours télévisé, dimanche soir, M. Hadi, actuel vice-président du Yémen, a souligné la nécessité de réunifier l'armée, de mettre fin à l'influence des terroristes fondamentalistes et d'entreprendre des «réformes radicales». «Les problèmes économiques demeurent en tête de nos priorités, et les circonstances nous poussent à renouveler la demande aux pays frères et amis d'allouer rapidement au Yémen les fonds rassemblés par les conférences des donateurs et des Amis du Yémen», a dit M. Hadi. Il a proposé «la constitution d'un fonds d'urgence pour aider le gouvernement à sortir de la crise», alors que plusieurs milliards de dollars sont nécessaires pour réhabiliter le pays, selon les estimations. «Nous espérons que le G20 appuiera la tenue d'une conférence pour soutenir le Yémen économiquement», a-t-il ajouté, soulignant que son pays «a traversé des mois éprouvants et les observateurs les plus optimistes nous ont prédit un sort semblable à celui de la Somalie». Il a rendu hommage aux monarchies du Golfe, à l'Union européenne, aux Etats-Unis, à la Chine et à la Russie dont l'implication a permis l'accord de sortie de crise. «Mais nous n'aurions pas pu parvenir à ce règlement, si le président Saleh n'avait pas (...) fait primer l'intérêt de son pays sur toute considération de vengeance et s'il n'avait pas évité toute réaction qui aurait pu conduire le pays à la catastrophe», a-t-il encore dit. Le vice-président dont l'élection est boycottée par le Mouvement sudiste réclamant l'autonomie pour le sud, et par les rebelles zaïdites qui contrôlent une partie du nord, a affirmé que seul le dialogue peut régler les crises dans le pays. «La cause sudiste et ses répercussions ainsi que ce qui s'est produit et continue de se produire à Saada (fief de la rébellion nordiste) sont des priorités qu'il faut examiner rapidement, à cœur ouvert et sans préjugés», a-t-il dit. Selon lui, «le chaos qui a régné dans le pays a été exploité par Al-Qaïda pour tenter d'étendre son influence», notamment dans l'est et le sud du pays. «Il est de notre responsabilité de mettre fin à ces agissements terroristes qui sont contraires à la religion», a dit M. Hadi. M. Saleh a été gravement blessé dans un attentat qui l'a visé dans son palais en juin, dont il a accusé ses opposants. Il a, officiellement, quitté son pays pour se soigner aux Etats-Unis. R. I.