Synthèse Agences Le plan de sauvetage conclu la nuit de lundi par les ministres des Finances de la zone euro «prévoit de renforcer la surveillance de la Grèce et d'imposer une présence permanente de la mission de la Commission européenne sur place» chargée d'aider le pays à moderniser son appareil d'Etat, a expliqué le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn.Au bout de la nuit, les Européens ont fini par arracher l'accord qui permet à la Grèce de ne pas tomber dans le précipice. Bien sûr, tout le monde sait que le répit n'est que temporaire, et qu'Athènes n'en a pas fini avec les crises. Mais au moins, ce marathon de 13 heures de négociations a permis d'aboutir, tôt ce matin, à un accord sur un plan d'aide de 130 milliards d'euros. Un renflouement qui permet d'éloigner le spectre du défaut de paiement pour le pays, confronté à une échéance obligataire de 14,5 milliards d'euros le 20 mars prochain.La surveillance de la Grèce par ses créanciers va être renforcée en échange du plan de sauvetage qui doit permettre au pays d'éviter la faillite, a fait savoir hier matin Olli Rehn, lors d'une conférence de presse. «Le plan de sauvetage de la Grèce se fonde sur une stricte conditionnalité: il prévoit de renforcer la surveillance de la Grèce et d'imposer une présence permanente de la mission de la Commission européenne sur place» chargée d'aider la Grèce à moderniser son appareil d'Etat, a déclaré M. Rehn. Il s'exprimait à l'issue d'une réunion pendant laquelle les ministres des Finances de la zone euro ont donné leur feu vert à un plan de sauvetage en faveur d'Athènes. De son côté, «la troïka va accroître de manière significative sa présence» en Grèce, a précisé le chef de file de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. La troïka, qui regroupe la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, organise régulièrement des missions d'inspection dans les pays qui ont bénéficié d'un programme d'aide international. De leur verdict dépend le versement des tranches d'aide. Mais en marge de la réunion de l'Eurogroupe, le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager, avait souhaité aller plus loin. Il s'était dit en faveur d'une surveillance «permanente» de la Grèce par l'UE et le FMI afin de mieux contrôler l'avancée des réformes et la mise en place de mesures d'austérité. «Quand on voit les dérapages (des comptes publics à Athènes, NDLR), cela est probablement nécessaire», avait-t-il affirmé, jugeant insuffisant l'examen tous les trois mois des bailleurs de fond de la Grèce. Autre mesure pour renforcer la surveillance d'Athènes: la zone euro a décidé de mettre en place un compte bloqué sur lequel serait versée une partie des fonds prêtés à la Grèce qui seront affectés en priorité au remboursement de la dette publique, indique le communiqué final. Une idée qui va permettre de «mieux suivre et surveiller les fonds prêtés à la Grèce». Ce mécanisme sera soumis au contrôle de la troïka des bailleurs de fonds de la Grèce (Commission européenne, UE et FMI). Il sera temporaire, en attendant que la Grèce inscrive d'ici à deux mois une clause dans sa constitution pour garantir que le service de la dette sera sa priorité.
Principaux axes du plan de sauvetage conclu par l'UE Les pays de la zone euro se sont mis d'accord, mardi 21 février au matin, sur un plan de sauvetage géant de la Grèce, à hauteur de 237 milliards d'euros, afin d'éviter une faillite du pays. L'accord est intervenu dans la nuit au terme de plus de douze heures de tractations entre les ministres des Finances de l'Union monétaire, réunis à Bruxelles (Belgique). Grâce à ce plan de soutien, la Grèce devrait être en mesure de faire face à une échéance de remboursement de 14,5 milliards d'euros qui tombe le 20 mars et ainsi d'éviter le défaut de paiement.
• Sur la dette publique Ce plan comprend d'une part un volet d'aide publique, des prêts pour l'essentiel, à hauteur de 130 milliards d'euros, après un premier programme de prêts en faveur du pays décidé en mai 2010 qui avait atteint déjà 110 milliards d'euros.Athènes avait rempli sur le papier sa part du contrat en se pliant aux exigences de ses créanciers publics. Le gouvernement grec a adopté un nouveau plan d'austérité il y a dix jours, au prix de violentes manifestations et de nouvelles turbulences politiques. Un plan d'économies douloureux de 3,3 milliards d'euros pour cette année a été adopté, prévoyant notamment une réduction du salaire minimum et une limitation des retraites.
• Sur la dette privée L'autre volet porte sur un effacement de la dette de la Grèce détenue par ses créanciers privés, banques et fonds d'investissement. Ils vont accepter une perte de 53,5% au final, soit un effort accru par rapport à l'objectif initial qui était de 50%.Cela doit permettre de réduire la dette du pays d'un montant de 107 milliards d'euros, un record dans l'histoire économique mondiale, qui dépasse de loin la restructuration de la dette de l'Argentine au début des années 2000.
• Un objectif : réduire la dette grecque à 120,5% du PIB d'ici 2020 Les chefs des deux partis de la coalition au pouvoir, socialistes et Nouvelle Démocratie (droite), se sont engagés par écrit à respecter les promesses faites d'économies budgétaires et de réformes y compris après les élections législatives anticipées, qui doivent se tenir en avril. Les négociations ont toutefois traîné en longueur car les principaux bailleurs de fonds de la Grèce ont mis le doigt sur un trou de plusieurs milliards d'euros à combler pour parvenir à réduire la dette grecque à 120% du PIB d'ici 2020, contre 160% actuellement. C'est l'objectif fixé par le Fonds monétaire international (FMI) et certains pays de la zone euro, comme l'Allemagne et le Luxembourg, afin de considérer la dette grecque comme soutenable sur le long terme.Au final, le plan de sauvetage permettra de réduire l'endettement grec à hauteur de 120,5% d'ici 2020. La Grèce fera, en contrepartie, l'objet d'une surveillance encore renforcée de la part de ses créanciers pour s'assurer qu'elle ne dévie pas des objectifs fixés.
• Un moyen direct : augmenter la taille du fonds de secours Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, s'est dit “optimiste” sur les chances de voir la zone euro décider prochainement de renforcer “nettement” la force de frappe du Mécanisme européen de stabilité (MES), qui succèdera au Fonds européen de stabilité financière (FSEF). Cette capacité est limitée actuellement à 500 milliards d'euros. Elle est jugée insuffisante par de nombreux économistes pour éviter une contagion de la crise de la dette à d'autres pays comme l'Italie ou l'Espagne. Une des options sur la table consisterait à combiner ce qui reste du FESF aujourd'hui, soit autour de 250 milliards d'euros, à l'enveloppe prévue pour le MES, à savoir 500 milliards d'euros, soit quelque 750 milliards d'euros au total. Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, soutient cette formule.
• Un moyen indirect : réduire les taux d'intérêts des prêts publics Pour parvenir à maintenir l'objectif de ramener ce ratio sans augmenter le montant des prêts des gouvernements qui refusaient de remettre la main à la poche, les ministres des Finances de la zone euro ont dû opter pour d'autres solutions.L'aide publique comme l'effort des banques privées créancières ont bien été augmentés, mais via un mécanisme indirect.Cela passera par une réduction des taux d'intérêts sur les prêts consentis par les créanciers publics à la Grèce dans le cadre de son premier plan de sauvetage de mai 2010, et par une implication des banques centrales nationales de la zone euro dans l'effort.