Une nouvelle téléconférence entre le ministre grec des Finances et les chefs de la troïka qui rassemble les bailleurs de fonds du pays a eu lieu, hier soir, après des entretiens du même type, avant-hier, sur lesquels rien n'a filtré, a fait savoir la Commission européenne. " Une autre téléconférence aura lieu demain soir. En attendant, les discussions techniques se poursuivent à Athènes", a indiqué, avant-hier soir, dans un bref communiqué transmis à la presse Amadeu Altafaj, porte-parole du commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn. Comme cela arrive régulièrement, les chefs de mission de la Commission européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne -la troïka- se sont entretenus par téléphone avec le ministre grec des Finances et de hauts fonctionnaires du ministère, avant-hier, indique le communiqué, sans donner plus de détails. La tenue d'une nouvelle réunion, hier, laisse supposer que la troïka et le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, ne sont pas parvenus à un accord et ont besoin de plus de temps. Les chefs de mission de la troïka avaient quitté le sol grec début septembre, mécontents du manque d'avancées du plan de redressement du pays. Ce départ inopiné avait suspendu le versement d'une tranche d'aide de 8 milliards d'euros tirée du premier plan de sauvetage pour la Grèce décidé en mai 2010. Or cet argent est vital pour le pays qui est au bord de la faillite. Avant-hier, le ministre grec des Finances s'est engagé à corriger les retards du pays dans l'application du programme d'économie budgétaire prévu et à accélérer les réformes qu'Athènes a promis de réaliser en échange de son sauvetage de la faillite par la zone euro et le FMI depuis mai 2010. Le FMI hausse le ton vis-à-vis d'Athènes Le Fonds monétaire international (FMI) a ouvertement affirmé, avant-hier, que la Grèce ferait défaut sur son énorme dette en cas de nouveaux retards dans son plan de rigueur et de privatisations, alors qu'Athènes avait un rendez-vous crucial le jour même avec ses créanciers. Le coup de semonce a été lancé par le représentant permanent du FMI en Grèce, Bob Traa, lors d'une conférence économique près d'Athènes. "Les privatisations ont pris du retard par rapport au programme car les hommes politiques ne peuvent pas se mettre d'accord sur la façon de procéder", a-t-il dit en référence au programme de privatisations de 50 milliards d'euros d'ici 2015 auquel la Grèce s'est engagée. "Si vous attendez encore (...) le pays ira au défaut", a-t-il averti, relayant un scénario du pire qui affole les places financières. S'exprimant après le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, M. Traa a aussi renvoyé à 2013 le retour du pays à la croissance, tablant sur une récession de -5,5% en 2011, et de -2,5% en 2012. Il a appelé la Grèce à "des mesures supplémentaires (...) pour réduire le déficit budgétaire", face au dérapage des comptes. Le ministre grec s'est engagé en réponse à corriger les "retards" du pays et à accélérer les réformes auxquelles le pays s'est engagé en échange de son sauvetage de la faillite par la zone euro et le FMI depuis mai 2010. C'est ce message qu'il a réitérer lors de la téléconférence, d'avant-hier, avec les chefs de mission de la troïka, représentant la Commission et la Banque centrale européennes ainsi que le FMI, auprès de qui il compte obtenir le déblocage de la prochaine tranche de prêts internationaux, 8 milliards d'euros -vitaux pour le pays- d'ici fin octobre. "Il nous faut prendre maintenant des décisions de caractère historique, sinon, nous serons obligés de les prendre prochainement dans des conditions incontrôlables et douloureuses", a insisté le ministre, évoquant lui aussi le risque d'une cessation de paiement du pays. "Oui, il y a du personnel en excédent" dans le secteur public, a-t-il notamment lancé, alors que le gouvernement socialiste a toujours ajourné des réformes auxquelles s'opposent sa base électorale et syndicale. M. Traa a également cité une réforme urgente de l'administration fiscale. Il a mis en garde contre trop de recours aux augmentations d'impôts, après l'annonce en catastrophe la semaine dernière de la création d'une taxe exceptionnelle sur l'immobilier, censée rapporter 2 milliards d'euros. M. Vénizélos a néanmoins estimé qu'Athènes ne devait pas servir de "bouc émissaire" face au "manque de compétence dans la gestion de la crise de la dette" en zone euro. En matière de privatisations, il a aussi relevé qu'il revenait "à la communauté internationale" de "faire des offres valables aux propositions grecques" de cessions. A Bruxelles, la Commission européenne n'a pas relayé l'exigence de mesures additionnelles exprimées par M. Traa, mais a maintenu la pression. "Nous ne demandons pas plus que ce qui a été accepté dans le cadre du programme (négocié) pour la Grèce, il n'y a pas de nouvelles mesures od'austérité sur la table, ce qui est sur la table c'est le plein respect des objectifs fixés", a déclaré son porte-parole pour les questions économiques, Amadeu Altafaj Les médias grecs tablaient sur un nouvel effort à livrer, à hauteur de quelque 4 milliards d'euros pour 2011 et 2012. Sont notamment évoquées l'instauration d'un plafond aux pensions de retraites et de nouvelles suppressions de postes dans les organismes para-publics. Les chefs de mission de la troïka avaient suspendu au début du mois leur audit du suivi du plan grec de redressement en raison du manque de progrès sur les réformes de fond, des privatisations à la libéralisation du marché du travail, que sur l'assainissement budgétaire. Aucun déblocage n'est depuis intervenu, la zone euro ayant au contraire réitéré vendredi en Pologne qu'elle conditionnait toute poursuite de l'aide à des avancées d'Athènes. C'est l'aveu, début septembre, par la Grèce qu'elle ne tiendrait pas l'objectif promis de réduire son déficit public à 7,6% du PIB en 2011 qui a mis le feu aux poudres. Le dérapage résulte de l'aggravation de la récession sous le coup de l'austérité, mais aussi de l'incapacité de l'appareil d'Etat grec à encaisser les rentrées fiscales et à réduire suffisamment ses dépenses. Les divisions de la zone euro sur le dossier grec et la crise de la dette souveraine ont fait à nouveau plonger les Bourses européennes, avant-hier, les valeurs bancaires étant particulièrement malmenées.