Il est indéniable que l'activité culturelle dans la wilaya de Tizi Ouzou a connu une métamorphose depuis la nomination d'El Hadi Ould Ali à la tête de la maison de la culture Mouloud Mammeri de la ville, il y a de cela neuf ans. Avant lui, la gestion de cette institution était plus administrative que culturelle, selon la volonté, bien entendu, des supérieurs de l'ex-directeur. Depuis l'année 2003, cette institution culturelle a commencé à connaître le rush des animateurs associatifs et culturels et du public. La programmation des activités est devenue d'une densité et d'une intensité que la maison de la culture n'avait jamais connues. Chaque jour que Dieu fait, la maison de la culture abrite des activités, d'une simple exposition à des colloques, en passant par des festivals et autres spectacles de chants et de danses. Et contrairement à la période antérieure à 2003, l'on ne se sent plus obligé de fermer l'institution après 17 heures ou durant les week-ends. C'est selon le programme et ce dernier est toujours chargé, à un point où cette enceinte ne dispose plus de congé annuel, même si à ce titre, il faut préciser que l'absence d'infrastructures culturelles dans la wilaya de Tizi Ouzou a favorisé la concentration des activités à la maison de la culture qui n'arrive plus à suffire, tellement les activités sont nombreuses et pluridisciplinaires. Et depuis toutes ces années, c'est toujours le même rythme, faisant de la maison de la culture la Mecque de l'activité culturelle dans la wilaya. Mais les citoyens de la région sont-ils tous satisfaits de l'activité culturelle existante dans la wilaya ? Rien n'est moins sûr. Du moins pour une partie d'entre eux qui disent attendre la qualité, pour consacrer effectivement la renaissance de l'activité culturelle dans la région, après la mise en avant de la quantité. D'autres reprochent aux pouvoirs publics, notamment les responsables du secteur de la culture, de concentrer les activités les plus intéressantes au chef-lieu de wilaya, alors que les localités les plus éloignées sont marginalisées. Des reproches qui, il faut le dire, ne sont pas partagés par tout le monde à Tizi Ouzou, notamment la gent féminine. En effet, des femmes interrogées disent «respirer un peu» grâce aux activités de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Comme cette enseignante dans un établissement secondaire qui affirme que «depuis le changement opéré à la maison de la culture, nous avons la possibilité de sortir, de souffler chaque jour de la semaine». Notre interlocutrice dit se rappeler «amèrement de cette période noire où nous travaillions toute la semaine et passions notre week-end cloîtrées à la maison», et de rendre hommage aux responsables de la maison de la culture et à ceux du secteur de la culture pour «la disponibilité dont ils font preuve au bénéfice du public et de la culture». Même son de cloche du côté de certains animateurs culturels et associatifs de la wilaya qui reprochent aux pouvoirs publics d'avoir fermé les locaux de la maison de la culture au mouvement associatif. «Nous étions pourtant très actifs, mais nous devions nous débrouiller pour trouver des espaces pour l'organisation de nos activités», dit le président d'une association culturelle, activant même dans le théâtre, qui fera l'éloge du directeur actuel de la maison de la culture qui «laissé les portes grandes ouvertes aux associations culturelles de la wilaya».Mais ce discours n'est pas partagé par tous les citoyens et les animateurs culturels. Notamment du côté des régions reculées de la wilaya où l'on sent une certaine marginalisation, en matière d'activités culturelles. «Je suis de Draa El Mizan et chez moi, l'activité culturelle est rare et médiocre», dit un jeune étudiant de l'université de Tizi Ouzou rencontré en compagnie de son camarade des Ouadhias qui dit partager l'avis de son ami, en ce qui concerne sa localité. «On nous ramène quelques troupes de danse folklorique à l'occasion du festival arabo-africain et on nous abandonne toute l'année, en attendant la prochaine édition de ce festival», accuse-t-il avant de dénoncer l'absence d'espaces de loisirs pour les jeunes des localités éloignées et la marginalisation par les pouvoirs publics des associations de leurs régions respectives qui tentent, tant bien que mal, d'activer avec leurs maigres moyens. D'ailleurs, certains animateurs culturels interrogés apportent la contradiction à l'idée d'ouverture de la maison de la culture sur le mouvement associatif, accusant ses responsables de «favoritisme envers un certain nombre d'associations dont les animateurs ne quittent jamais l'enceinte». Comme ce responsable associatif qui, dénonçant «la folklorisation de la culture dans notre wilaya», soupçonne les responsables de «refouler toutes associations susceptibles de proposer des activités culturelles sérieuses et de qualité qui seraient considérées comme politiquement incorrectes». Là, le directeur de la maison de la culture, El Hadi Ould Ali, qui est aussi directeur de wilaya chargé de la culture, est directement ciblé. Accusation fondée ou simple règlement de compte ?