à l'origine de la sécession du Soudan, la question du pétrole est toujours à l'ordre du jour des négociations entre Khartoum et Juba depuis mardi dernier à Addis-Abeba, et ce jusqu'au 16 mars prochain. La reprise de ces pourparlers intervient au moment même où les violences armées, entre des rebelles sudistes et l'armée de Khartoum, ont lieu à la frontière. Des combats acharnés entre la branche armée du Splm-Nord et l'armée soudanaise ont déjà fait plusieurs dizaines de morts et des milliers de déplacés, provoquant une nouvelle crise humanitaire dans la région, malgré les appels à l'arrêt des violences par les Nations Unies, l'Union africaine et les organisations humanitaires présentes sur place. Dans une déclaration de la présidence du Conseil, les membres du Conseil de sécurité «exigent de toutes les parties qu'elles cessent les opérations militaires dans les zones frontalières et mettent fin au cycle de violence», a rapporté l'agence chinoise Xinhua.La semaine dernière un raid aérien a détruit des installations du champ pétrolier d'El Nar, au Soudan du sud, faisant monter la tension d'un cran avec le Soudan qui ne compte pas se laisser faire concernant la question du partage équitable de la rente pétrolière dont une grande partie se trouve dans le nouvel Etat du Soudan du Sud. «Cela envoie clairement un signal avant les discussions», a estimé Mohamed Lino Benjamin, directeur général du ministère du Pétrole du Soudan du Sud, qui s'est rendu sur le lieu de l'attaque que les autorités soudanaises ont niée. Le site d'El Nar se trouve à vingt kilomètres de la frontière, au tracé encore contesté, avec le Soudan. A noter que de nombreuses questions liées à la citoyenneté, à la nationalité, aux frontières et aux arrangements financiers, sont toujours en suspens depuis l'indépendance du Soudan du sud, officiellement proclamée le 9 juillet 2011. Cette indépendance a été arrachée, dans le cadre d'un accord de paix global, signé à Doha (Qatar) en 2005, après deux décennies de guerre meurtrière entre le nord musulman et le sud chrétien et animiste. Outre le pétrole, la question du retour de Sud-soudanais dans leur pays constitue une autre source de tension entre les deux Etats. Khartoum presse en fait plus de 300 000 Soudanais du Sud, vivant encore au Nord, à rentrer chez eux avant le 8 avril prochain, délai imparti par le régime d'Omar El-Béchir. Mais ce délai sera inévitablement dépassé en raison de la complexité de la situation dans la région et du différend pétrolier qui complique la circulation de personnes au niveau d'une frontière non encore déterminée. S'y ajoute aussi le problème des tribus de la partie sud du Soudan qui demandent leur ralliement au Soudan du sud, chose que Khartoum refuse catégoriquement. Des combats ont d'ailleurs lieu, depuis des semaines, entre des factions armées de ses tribus et les forces militaires soudanaises, notamment dans le Kordofan du sud qui réclame son indépendance.A Addis-Abeba, les deux parties devraient donc trouver un compromis concernant le différend pétrolier si elles veulent avancer dans les discussions concernant les autres dossiers qui ne sont pas de moindre importance pour conclure une paix durable. «Chaque partie a besoin d'un accord sur les exportations de pétrole, mais chaque provocation durcit les positions, alors que la confiance est déjà bien limitée», a estimé Zach Vertin, analyste de l'organisation International crisis group. L'Union africaine réussira-t-elle à réconcilier le Soudan et le Soudan du sud ? L. M.